Een interview met Claude Michaux:
"Nous sommes sûrement passés à côté de quelque chose mais la volonté a toujours été de trouver la vérité, je vous l’affirme en conscience.'" Jeune retraité, l'ancien procureur Claude Michaux n'a pas perdu tout espoir concernant l'un des dossiers les plus critiqués de sa carrière.
Quels sont les grands souvenirs de votre carrière et quels enseignements en tirez-vous?
"J’étais au parquet de Charleroi depuis deux ans quand j’ai hérité d’une enquête au sujet de hold-ups à la masse perpétrés dans la région selon le même modus operandi. On comptait une vingtaine de faits. J’ai regroupé tous les dossiers. L’affaire a abouti à de nombreuses arrestations, dont celles de deux meneurs siciliens. J’ai appris, à cette occasion, qu’il était dangereux de monter des dossiers "mammouths". On se laisse envahir par l’enquête, on veut obtenir le dernier carat… mais c’est la meilleure façon d’aller dans le mur. C’est ce qui arrivé. Le dossier a été frappé de prescription. Nous avions eu les yeux plus gros que le ventre. Je n’ai plus jamais commis cette erreur mais je constate que des dossiers mammouths, il en existe encore aujourd’hui et que beaucoup tournent en eau de boudin."
Il y eut aussi l’affaire Stéphane Steinier, du nom d’un journaliste enlevé et assassiné par des négriers de la construction.
"Elle m’a beaucoup marqué sur le plan humain mais aussi parce que ce fut une des premières fois qu’une enquête a été couronnée de succès grâce aux tests ADN, technique encore peu employée à l’époque. Nous avions relevé des échantillons dans une camionnette jugée suspecte. J’ai rongé mon frein pendant trois semaines avant d’apprendre que les traces récoltées étaient celles de la victime, ce qui a conduit à l’arrestation des suspects et à leur condamnation. Aujourd’hui, les moyens scientifiques et technologiques dont on dispose sont incommensurablement supérieurs à ceux dont nous avions l’usage il y a trente ans et c’est tant mieux."
Vous vous êtes aussi occupé du dossier des tueurs du Brabant.
"Je ne l’ai jamais lâché, même en tant que procureur du Roi ou que procureur général. Je peux vous affirmer que si nous n’avons pas trouvé, ce n’était pas faute de moyens. Personne n’a jamais refusé aux enquêteurs les moyens qu’ils demandaient. Personne n’a jamais mis, comme on a pu l’entendre, le couvercle sur la marmite. Des dizaines d’enquêteurs, une demi-douzaine de juges d’instruction et de procureurs ont travaillé sans relâche sur ce dossier mais nous avons été battus par plus forts que nous, c’est tout. Qu’on ne croie pas qu’on ait cherché à étouffer la vérité. Si je la connaissais, je serais le premier à la hurler, vous m’entendez, je la hurlerais. J’ai consacré trois années entières de ma vie professionnelle à cette enquête et j’espère encore qu’elle aboutira même si, à mes yeux, mieux vaut ne pas trouver que se tromper, comme dans la filière boraine."
"Je suis sûr, en tout cas, que si des éléments sérieux et objectifs sont mis au jour, on fera en sorte d’allonger pour la deuxième fois le délai de prescription. Le juge d’instruction Jean-Claude Lacroix et moi l’avions plaidé, une première fois, avec succès, en 1995, comme nous avions obtenu que l’on scanne tout le dossier, ce qui a considérablement aidé les nouveaux enquêteurs. Que la ministre de la Justice ait délégué le procureur général de Liège, Christian De Valkeneer, afin qu’il reprenne part à l’enquête est une bonne nouvelle. Nous avons connu des problèmes, des erreurs ont sans doute été commises, nous sommes sûrement passés à côté de quelque chose mais la volonté a toujours été de trouver la vérité, je vous l’affirme en conscience.
Bron » www.lalibre.be
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