Audience du mercredi 28 avril 2004
L’après-midi de ce mercredi fut également consacré aux témoins venus déposer dans le cadre du chapitre "association de malfaiteurs". Ils ont détaillé et amplifié la vision que l’on pouvait avoir des relations multiples que Michel Nihoul avait entretenues avec le monde de la criminalité organisée.
"Qui était Juan Borges?", demanda Me Fermon aux deux témoins. Voici, en résumé, la réponse de Jean-François Godbille.
Borges est un trafiquant d’armes, qui fut aussi impliqué dans une affaire de faux tableau liée à l’assassinat du peintre Mandelbaum. Il a trafiqué également de fausses devises nigérianes. Il a été hébergé chez Annie Bouty et utilisait la société "Bouty et Associés" ainsi que le bureau de conseil juridique CADRECO.
En 1986, Michel Nihoul est l’auteur d’un coup de téléphone audacieux: il le donne soi-disant au nom du ministre de la Défense nationale de l’époque, François-Xavier De Donnea. Et à qui? Au Colonel Torrez, à l’époque commandant du district de gendarmerie de Bruxelles. Objectif: inquiéter des gendarmes schaerbeekois qui enquêtaient sur l’émission par Borges d’un chèque sans provision de plus d’un million deux cent mille francs.
Nihoul avait également téléphoné aux gendarmes eux-mêmes, en se réclamant cette fois de l’ASBL CADRECO. Le plaignant qui avait été abusé par ce chèque en bois était un certain Liarakos, un trafiquant d’or avec le Pakistan.
Ce Borges crée une société d’import-export de matériel médical, la SA Candy Médical, au 35 de la rue du Conseil Bruxelles, à l’adresse d’un cabinet de dentiste tenu par Brigitte Jenart, amie de Borges, mais qui fut escroquée par lui de plusieurs millions [3]. Dans cette société Candy Medical, on retrouve également Sylvain Alalouf, impliqué dans le meurtre du peintre Stéphane Mandelbaum (affaire qui tourne autour d’un faux Modigliani) et dans une affaire de trafic d’armes avec l’Iran.
Au 35 rue du Conseil, vivait également Roland Corvillain, condamné pour abus sexuels sur une mineure. Sa femme l’avait dénoncé, mais elle fut inculpée de complicité et de non-assistance. Elle déclara avoir vu à la télévision, en août 1996, des personnes passées chez elle, à la rue du Conseil, au siège de la société Logitel, dans laquelle son mari, Roland Corvillain était associé à un certain Fransevitch. L’activité principale de ce dernier était le blanchiment d’argent. (...)
Dans l’enquête Ecofin [4] menée par l’OCDEFO, on retrouve la trace d’un chèque non provisionné signé par Juan Borges, au nom de la société Candy Médical, 35, rue du Conseil à Ixelles, pour 1million 200 000 francs. Et l’on sait maintenant - c’est dans un PV de la gendarmerie de Schaerbeek - que le 29 septembre 1986, un coup de téléphone est donné aux gendarmes de Schaerbeek qui enquêtent sur ce chèque, de la part d’un nommé Nihoul. Au nom de CADRECO, l’ASBL d’Annie Bouty, Michel Nihoul demande à contacter le plaignant, Mr Liarakos, trafiquant d’or avec le Pakistan, afin de régler cette affaire à l’amiable. (...)
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