Uit het boek van Bultot:
À la prison, la routine continue. Je subis toujours le joug d'Awille Dada. Pourtant une information reçue par un détenu va changer le cours de ma vie. Il s'appelle Bruno Van Deuren. Il joue d'abord les bravaches et me dit qu'il connaît mon surnom de Lucky Lucke et qu'il serait intéressé de voir lors de sa libération si je tire plus vite que lui. Je veux mettre fin à cette conversation, mais il va me parler de l'affaire Dekaise. Ce dernier est un armurier de Wavre qui fut victime d'une agression le 30 septembre 1982.
Deux hommes ont attaqué son établissement avec violence. Ils frappent Dekaise et ses deux clients au visage et abattent un agent de police qui essaye de les arrêter! Traqués par la gendarmerie, ils criblent de balles deux gendarmes qui seront grièvement blessés et ils parviennent à s'enfuir! Cette attaque sera répertoriée par les enquêteurs comme faisant partie des méfaits des tueurs du Brabant Wallon.
Sans sourciller, Bruno Van Deuren me dit avec vitesse: "Vous me prenez pour un con, mais vous ne savez pas qui je suis!" Je me retourne en feignant volontairement mon intérêt:
Ah oui?
Oui, c'est moi qui ai agressé ce salaud de Dekaise.
Il attend ma réaction, mais je ne dis rien, attendant la suite. Devant mon mutisme, il continue:
Dekaise avait touché de l'argent pour faire un travail particulier, il ne l'a pas fait. On a été récupérer la marchandise et lui f... une correction. C'est moi qui l'ai frappé, il le mérite, car quand on accepte un travail, il faut le faire. Je regrette pour ce pauvre con de flic qui s'en est mêlé, mais en fait, il est mort pour avoir tenté de défendre une ordure!
J'en parle à mon assistante sociale et je pense à une vaste frime parce qu'il vient d'être puni. C'est aussi son avis. Une assistante sociale d'un organisme extérieur à la prison reçoit les mêmes confidences, mais elle ne les prend pas au sérieux non plus. Bruno Vandeuren est un mythomane. Il doit cependant être intéressant à écouter, car son avocate, Maître Carine Couquelet, très mignonne, vient l'écouter chaque jour pendant des heures dans un box réservé aux avocats, à un tel point que monsieur Perain, mon collègue, est obligé de leur rappeler, suite aux observations des surveillants, qu'il faut éclairer le box lorsqu'il fait noir. Je range cependant cette information dans ma mémoire et n'y prête plus guère attention.