Topic: Roubaix: 2 Maart 1984
Bende van Nijvel hangt overal wel ergens samen, is het niet met dezelfde gangsters of dezelfde wapens, ook dezelfde feiten. Is er ooit onderzocht of de moord op Alfred Derly, wapensmid uit Roubaix en vermoord op 2 maart 1984, connecties heeft met de Brabantse moorden?
Qui a tué l'armurier de la rue de Lannoy?
Ce volet concerne une affaire jamais résolue: le 2 mars 1984, Alfred Derly était assassiné.
Jean Derly n'avait que 5 ans le vendredi 2 mars 1984. Quand on lui demande, 27 ans plus tard, ce dont il se souvient de cette sinistre journée, il avoue que sa mémoire pourrait lui jouer des tours. "Je ne sais plus si c'est mon imagination ou les faits réels. Il me semble qu'on attendait depuis longtemps pour déjeuner, que le temps passait et que nous restions sans nouvelle. J'ai le souvenir de ma mère qui s'inquiète.
On sonne à la porte, deux policiers se présentent et il me semble être assez proche pour comprendre ce qui se passe, comme une évidence..." En fait, selon Brigitte Delrue, sa maman, les policiers sont restés à la grille de leur maison de Sailly-lez-Lannoy. Et ils n'ont pas osé annoncer la terrible nouvelle. "Ils m'ont dit qu'Alfred, mon mari, avait eu un accident, explique-t-elle. J'ai appelé l'hôpital, ils étaient très ennuyés de me parler par téléphone. Pour finir, j'ai eu un médecin qui m'a annoncé que mon mari était décédé." Ça n'a rien d'un accident. Alfred Derly, 52 ans, père de trois enfants - Jean, 5 ans, Claire, 2 ans, et Anne, 8 mois -, a été assassiné.
Ce 2 mars 1984, aux alentours de 10h05, un client entre dans le magasin Derly, au 197 de la rue de Lannoy, spécialisé dans l'électricité générale, les alarmes et systèmes de protection et les armes. Derrière le comptoir, il découvre le corps inanimé d'Alfred Derly, allongé face contre terre. L'armurier est mort. Le client se précipite dans une boulangerie voisine, la police est alertée.
Un homme très méfiant
L'enquête est d'abord confiée à la Sûreté urbaine du commissariat de Roubaix. Les premiers éléments sont troublants. L'armurier, également président du club de tir la 357 Roubaisienne, était un homme très méfiant. Lors du crime, il portait un revolver Smith et Wesson chargé à la ceinture et un pistolet automatique 7,65 était caché sous le comptoir. "Il dormait toujours avec un petit pistolet sur la table de chevet", confirme Brigitte. Or, il a été tué d'une seule balle de 22 Long Rifle, tirée dans la nuque. L'arme du crime, munie d'un silencieux, provient du magasin et a été laissée sur le comptoir. La douille aussi a été retrouvée sur le comptoir, mais elle provient d'un type de balle que ne vendait pas Alfred Derly. Cette douille n'est pas neuve, elle n'a plus son brillant.
Conclusion des enquêteurs: le meurtrier a demandé à Alfred Derly d'examiner une carabine et un silencieux du magasin, a attendu que celui-ci lui tourne le dos, a sorti une balle de sa poche, a chargé l'arme et a fait feu. Et si l'armurier n'a pas craint de lui tourner le dos, c'est qu'il avait confiance.
Les policiers ont aussi un témoin. Une personne qui, peu avant l'heure du drame, aurait vu un homme de 25 ou 30 ans sur le pas de la porte du magasin aux alentours de 9h55. Il fournit même un signalement: taille moyenne, assez mince, de type méditerranéen, vêtu d'un pantalon sombre et d'un blouson. Sinon, personne n'a rien entendu: ni les trois hommes qui s'entraînaient au stand de tir derrière le magasin - il est insonorisé -, ni la personne qui faisait du rangement à l'étage - une averse de grêle s'abattait à l'heure du drame.
Pas de mobile
Les enquêteurs ne partent pas de zéro, mais il leur manque un mobile. Rien n'a disparu dans le magasin, ce n'est pas un crime crapuleux. Et "il n'avait pas d'ennemi, il n'avait pas reçu de menaces", assure Brigitte.
Pourtant le quartier est en ébullition. Les commerçants - Alfred Derly était également vice-président de l'union commerciale de la rue de Lannoy - veulent dénoncer la montée de l'insécurité. Dans l'après-midi, le sénateur-maire André Diligent se rend sur les lieux du drame pour tenter de calmer les esprits.
L'autopsie est pratiquée le mardi 6 mars et confirme que le tueur a tiré à un mètre de sa victime. Mais cela n'apprend rien de ses motivations. L'enquête est confiée au service régional de police judiciaire de Lille. Les policiers interrogent un maximum de personnes de l'entourage d'Alfred Derly, tous les membres du club de tir, toutes ses connaissances. Brigitte garde un souvenir trouble de cette période: "Il y a eu beaucoup d'interrogatoires, ils ont perquisitionné à la maison pour essayer de trouver des indices. J'essayais aussi de les aider en fournissant les agendas." Mais ça ne donne rien. Pas une piste. Alfred Derly était un homme à la vie très réglée. "C'était une horloge, il fermait à l'heure, il ne traînait pas pour boire un coup", dit Brigitte. S'il avait un quart d'heure de retard, c'était qu'il avait fait les courses. Réputé comme étant très strict sur le règlement, il exigeait une attitude irréprochable des membres de la 357 Roubaisienne qu'il sélectionnait rigoureusement.
L'assassin est-il un homme déçu de ne pas avoir été sélectionné? Le motif paraît bien futile au regard des risques pris pour commettre un homicide au beau milieu de la matinée dans un commerce de la très fréquentée rue de Lannoy. Dans Nord éclair, un enquêteur fait part de son découragement: "Si au moins nous connaissions le mobile, ce devrait être facile de retrouver le meurtrier!"
La PJ échoue aussi
L'enquête s'enlise. Le 26 mars, la PJ de Lille diffuse deux portraits-robots du suspect vu sur le pas de la porte du 197 rue de Lannoy dix minutes avant la découverte du corps. D'autres détails sont fournis sur son signalement: il avait le visage anguleux, un nez fin rectiligne, les cheveux châtain foncé ou bruns, bouclés et courts sur le devant, son blouson était en toile et il portait un pull rouge-bordeaux. Chaque fois que Brigitte rencontre les policiers lillois, ils promettent de retrouver l'homme qui a tué son mari. Mais la diffusion des portraits-robots ne change rien au cours des choses et le mystère du meurtre de l'armurier disparaît des colonnes des journaux. Aujourd'hui, les chances sont minces de retrouver le coupable. De connaître son mobile. La veuve d'Alfred Derly affirme que ce n'est pas un problème.
"Le métier était assez risqué, il n'y a peut-être pas d'explication, confie-t-elle. Je n'ai pas vécu dans l'idée de le retrouver à tout prix, dans l'idée de vengeance. Qu'est-ce que ça va apporter?" Très croyante, elle attend de le rejoindre dans l'au-delà. "Tous les jours, je pense à lui. Il est dans mes prières."
Bron: Nord Eclair | 24 Juli 2011