Un gangster belge arrêté près de Paris
Après une enquête menée en collaboration avec la 23e brigade de police judiciaire (la Brigade nationale) et la brigade de répression du banditisme de Paris (BRB), de dangereux individus, dont un Belge, ont été appréhendés, mardi après midi à Drancy, près de Paris.
Il s'agissait notamment d'André Neysen (39 ans), un Namurois qui, le 23 juin 1988, avait été condamné par défaut par le tribunal correctionnel de Bruxelles à un total de vingt ans pour association de malfaiteurs, vols à main armée, etc. Neysen avait été remis en liberté quelques semaines avant sa comparution devant le tribunal correctionnel par la chambre des mises en accusation de Bruxelles. Pourtant à l'époque on lui reprochait déjà une trentaine de vols avec violences.
Depuis cette libération Neysen a récidivé au Luxembourg. Avec l'aide de complices du "milieu yougoslave", il s'est à nouveau livré à une quinzaine d'attaques à main armée dont des attaques de fourgons de transports de fonds.
Dans la planque utilisée par Neysen et ses complices, soit des truands corses, yougoslaves et des Français de la région parisienne, on a retrouvé des armes, de l'argent ainsi que de faux documents d'identités.
Dans la bande appréhendée et dont faisait partie Neysen se trouvait également un Albanais Chemsedine Salihi (37 ans), sans domicile connu en Belgique et qui avait été récemment condamné également par le tribunal correctionnel de Bruxelles à sept ans de prison pour des vols à main armée. La 23e brigade belge et les policiers français poursuivent leur enquête.
Bron: Le Soir | 20 oktober 1988
Bajrami, Neisen et Amico en appel à Bruxelles - Procès bis hors série pour truands hors série
Cinquante hold-up,des blessés, des millions de butin ... et de lourdes condamnations en 1989, pour une même bande. Le 23 juin 1988, le tribunal correctionnel de Bruxelles a eu la main lourde. Il avait à juger vingt-cinq prévenus, accusés d'avoir commis au moins cinquante hold-up. Parmi les grands noms de ce procès, ceux d'André Neisen, d'Ivan Tomicic, de Basri Bajrami et d'Edmond Duczyk... qu'on qualifiera de "repenti", de "balance" ou de "sot", selon l'endroit de la salle d'audience où l'on a un siège.
Neisen avait été condamné à vingt ans de prison; Bajrami à dix ans (par défaut également, alors qu'il avait assisté à toutes les audiences); l'un de leurs complices, Maurizio Amico, à sept ans. Les trois hommes nient les préventions qui avaient été mises à leur charge. Hier, ils ont donc comparu en appel devant la présidente Nicole Lumen, face à l'avocat général Omer Vandemeulebroeck. Un procès pas commeles autres et sous très haute surveillance, puisque Basri Bajrami est l'un des présumés ravisseurs de VDB.
Le rappel, par le tribunal, des faits mis à charge des trois hommes a de quoi faire frémir. On reproche à Neysen rien moins que vingt-cinq attaques à main armée, dans tout le pays. À Bajrami, on reproche une tentative de hold-up à Louvain (en 1983), un hold-up à la poste de Meise (en 1984), un autre sur l'agent de change Kirschen à Bruxelles (en 1984), et enfin des coups de feu dans un café (en 1986). Amico, enfin, est accusé de deux hold-up commis en 1984 et 1985, à l'hôtel Sofitel de Zaventem, et dans le restaurant Paradiso à Bruxelles.
Pour l'avocat général, Omer Vandemeulebroeck, c'est évidemment une affaire importante, par l'étendue des faits reprochés aux trois hommes et par leur personnalité même: Il est temps qu'on ne les laisse plus passer au travers des mailles du filet. D'un trait rapide, M. Vandemeulebroeck efface les problèmes de prescription que soulèveront peut-être les avocats: L'association Neisen-Duczyk a liquidé son fonds de commerce avec abandon d'actif en mai ou juin 1984, en cédant ses armes à un autre truand à cette époque. C'est à partir de là que cesse l'association de malfaiteurs et qu'il faut calculer la prescription. De Neisen, l'avocat général dit: Son système de défense, en bon truand qu'il est, c'est la négation systématique. La négation, aussi, des dénonciations de Duczyk (lui-même en aveux pour trente-six hold-up). Ces dénonciations sont largement crédibles, précis et confortés par les déclarations de plusieurs autres témoins, dit l'avocat général, particulièrement stimulé par le "repenti". M. Vandemeulebroeck ne peut s'empêcher, au détour d'une phrase, de noter ainsi que l'homme aurait déjà bénéficié de congés pénitentiaires... Ce qui suscite, bien entendu, quelques réactions de Bajrami et Neisen.
De Bajrami, l'avocat général fait un portrait sans nuances: C'est un marginal des milieux de la délinquence, un homme intelligent (qui prend des cours de pilotage d'avion), un amateur de vie nocturne, toujours armé, sans revenus, mais toujours argenté. Pour le ministère public, la défense de Bajrami qui explique s'être trouvé à Meise la veille du hold-up parce qu'il avait perdu son chemin ne tient pas. Pas plus que son alibi - J'étais chez mon avocat - pour l'attaque de l'agent de change Kirschen près duquel se trouvait (par hasard également) la voiture de l'épouse de Bajrami le jour du hold-up. L'avocat général consacre finalement peu de temps au cas de Bajrami: L'accusation repose sur des éléments objectifs, des faits précis. Moins de temps encore pour le cas de Maurizio Amico, que l'avocat général associe à tous les membres de la bande: Des gens dangereux, de métier, motivés, qu'il est temps de mettre hors d'état de nuire.
Ces mardi et mercredi: les plaidoiries de la défense.
Bron: Le Soir | 23 oktober 1990
Bajrami en appel: des peines très légèrement réduites
Le 23 juin 88, le tribunal correctionnel de Bruxelles a eu la main lourde. Il avait à juger vingt-cinq prévenus accusés d'avoir commis rien moins qu'une cinquantaine de hold-up. Parmi les grands noms de ce procès, ceux d'André Neysen, Ivan Tomicic, Basri Bajrami, Maurizio Amico, et Edmond Duczyk, le "repenti" ou "la balance" de l'affaire.
En trois jours d'audience, la cour d'appel, présidée par Mme Nicole Lumen, avait entendu, il y a un mois, les arguments de ceux qui étaient venus demander sa clémence, Neysen, Bajrami et Amico (voir nos éditions des 23, 24, et 25 octobre) et le rude réquisitoire de l'avocat général Omer Vandemeulebroeck (Il est temps qu'on ne les laisse plus passer au travers des mailles du filet).
Dans son arrêt, rendu hier, Mme Nicole Lumen suit largement ces réquisitions et accorde grand crédit aux accusations du "repenti" Duczyk. Elle stigmatise les déclarations des prévenus et leurs explications invraisemblables, déraisonnables, elle dénonce les faits extrêmement graves et répétés qu'ils ont commis, leur mépris total pour la personne et les biens d'autrui, leur comportement de vrais professionnels de la haute criminalité habiles à échapper à la justice.
Au terme d'une heure de lecture des attendus, les condamnations tombent enfin. Neysen, 15 ans d'emprisonnement (au lieu de 20 en première instance); Bajrami, 9 ans (au lieu de 10); Amico, 5 ans (au lieu de six).
Arrestation immédiate requise pour les trois condamnés par l'avocat général. Baroud d'honneur pour l'avocat d'Amico qui fait valoir la bonne volonté de son client (qui s'est toujours présenté devant la justice) et qui pourrait bientôt sortir de prison au bénéfice de la loi Lejeune (grâce à des amnisties dont il peut bénéficier). La Cour, finalement, rejette ces arguments et ordonne l'arrestation immédiate des trois hommes qui partent, sous la haute surveillance des gendarmes de l'ESI, vers la prison.
Bron: Le Soir | 21 november 1990