Le général Robert Close, sénateur honoraire
Du général e.r. et sénateur honoraire PRL Robert Close, on connaissait la carrière militaire, puis politique, et quelques ouvrages qui firent date, tels "L'Europe sans défense?" (1977). Ces derniers temps, cet ancien résistant s'est plongé lui aussi dans les archives de Léopold III et est apparu dans maints débats publics suscités par le livre du Roi. Résolument engagé du côté des défenseurs, il prépare, sur l'action de notre quatrième Souverain, une étude qui paraîtra cet automne.
D'où vient votre passion pour cette cause?
J'ai rencontré le roi Léopold six semaines avant sa mort, à Argenteuil, et je suis sorti très impressionné de cet entretien. Longtemps après, la princesse Lilian m'a demandé de m'occuper de ses archives. Avant sa mort, le Roi lui avait conseillé de faire appel à moi comme personne de confiance.
Quand j'ai commencé ce travail, on m'a remis l'énorme brique du recueil de documents du secrétariat du Roi. Pour moi, cela a été une révélation et je me suis dit qu'il fallait que les jeunes générations puissent être mises au courant de tout cela. La princesse m'a notamment demandé de faire un livre qui complète le "Pour l'histoire", en traitant d'aspects que Léopold III n'a pas abordés par dignité royale. Les procès d'intention incroyables qui ont été faits heurtent mon sens de la justice. Je veux remettre sur son piédestal un Roi qu'on n'aurait jamais dû en descendre.
Quel bilan dressez-vous de l'accueil reçu par le livre du Roi?
Je constate d'abord que la diffusion - on est aujourd'hui au-delà des 100 000 exemplaires - a dépassé absolument toutes les espérances pour un sujet purement historique. Du côté des spécialistes et des historiens plutôt neutres, l'avis le plus souvent entendu a été que le livre n'apportait rien de nouveau. C'est peut-être vrai pour les historiens, mais manifestement pas pour le grand public.
Il y a finalement eu peu de réactions d'une grande virulence, à l'exception de celle de M. Stengers dans votre journal. Quand je l'ai lue, j'ai eu un moment de surprise indignée. Il dit notamment que quand il a fait ses recherches sur mai 40, il n'a pas voulu rencontrer Léopold III parce qu'il est courtois et qu'il savait qu'il aurait dû démolir ce que le Roi lui aurait dit. Comment peut-on affirmer cela a priori?
A propos de la proposition par Van Acker et le prince Charles d'une somme d'argent pour que la princesse Lilian rentre avec Baudouin en Belgique, M. Stengers écrit: "Cela pue le ragot à plein nez". Outre que c'est inacceptable quant à la forme, je peux vous dire que les preuves irréfutables de ce qu'avance le Roi existent. La princesse Lilian détient l'enregistrement, à l'Auberge du Cheval blanc à Sankt-Wolfgang, des conversations des délégations belges, quand les ministres et le Régent allaient négocier avec Léopold III. Les Américains avaient placé des micros dans l'espoir de pouvoir repérer d'éventuelles résurgences des activités nazies. Accidentellement, ils ont ainsi recueilli les propos des Belges. Des propos très bas, où il est notamment question de la somme d'argent.
Pourquoi le contenu de ces enregistrements n'a-t-il jamais été rendu public?
La princesse ne le souhaite pas parce que cela nuirait à l'image de la Belgique. Mais elle a prévenu André de Staercke (*) et tout récemment Mme Antoinette Spaak de l'existence de ces documents.
Les pourfendeurs de Léopold III visent aussi sa vision du régime politique belge. Certains l'ont mise en parallèle avec celle de Pétain.
Le Roi était un gardien fidèle de la Constitution pour laquelle ni les syndicats ni les partis n'existent. Il a déploré que le Parlement soit devenu l'instrument des partis et des groupes de pression. Mais vous trouverez extrêmement peu de témoignages qui tentent de le comparer avec Pétain. On s'est servi de l'entrevue avec Hitler à Berchtesgaden pour jeter l'anathème sur le Roi après coup, mais à l'époque, on lisait dans le «Daily Express» que Léopold III avait défié Hitler et n'avait pas voulu être une nazi puppet. Et Churchill lui écrivait pour lui exprimer son admiration parce qu'il avait décliné toute espèce de collaboration avec l'envahisseur.
En outre, quand M. Stengers tire à boulets rouges sur le Roi parce qu'il n'a pas rendu hommage aux Alliés et à la résistance dans son «Testament politique», il oublie que ce texte est daté de janvier 1944, avant le débarquement. Il était trop tôt pour remercier.
Les lecteurs critiques du livre du Roi relèvent qu'il ne parle pas des prisonniers de guerre.
Non, mais il est à l'origine de l'office mis en place pour aider les familles des prisonniers, un office qui a compté des dizaines de résistants en son sein. Il y a eu plus de six cents interventions de l'entourage royal en faveur de personnes arrêtées.
Un Roi qui polémique d'outre-tombe, n'est-ce pas délicat pour ses successeurs?
Après un demi-siècle de silence, je crois qu'il avait le droit de répondre. Et l'engouement qu'il suscite prouve qu'il a eu raison. La monarchie n'est plus sur un nuage. Le Roi dans son livre a parlé à son peuple. Et chaque fois qu'il y a une communication directe entre Roi et peuple, cela marche très bien. Voyez quand Albert II a reconnu ses troubles conjugaux de naguère.
(*) Qui fut le secrétaire du prince Charles.
Bron: La Libre Belgique | Paul Vaute | 17 Juli 2001
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