Echtgenote (en opdrachtgeefster): Clémentine Leclerc (20 jaar eenzame opsluiting)
Moordenaar: Luc Vanhollebeke (20 jaar dwangarbeid)
Verantwoordelijk voor de (gestolen?) wagen: Jacques 'Jimmy' Swaelens (11 jaar gevangenis)
'Organisator': Herman Van Herzele (doodstraf)
Uit het artikel blijkt ook duidelijk dat Van Herzele (zoals Ben ook reeds aangaf) volledig in het nauw gedreven werd, en van in het begin alle nadruk werd gelegd op het bewijzen van zijn schuld, terwijl op de weduwe, moordenaar en zijn hulpje amper gefocust werd. Men spreekt over een 'match à onze contre un'. Men kan dus niet echt spreken over een 'neutraal' proces, hoewel alles wel rechtsgeldig gebeurde.
Cour d'assises du Brabant - Le détective Van Herzele est condamné à mort
S'il a fallu deux semaines d'instruction d'audience et de débats aux jurés du Brabant pour se faire une opinion sur cet extraordinaire assassinat de l'industriel Alfred Vlassenroot, abattu le 15 janvier 1986 par des tueurs à gages commandités par sa propre femme, la septuagénaire Clémentine Leclerc, il leur a fallu moins d'une heure ce vendredi pour délibérer sur la culpabilité. Les quatre accusés sont jugés coupables d'assassinat. Deux heures suffiront à la délibération sur la peine: le sapeur-pompier directeur de l'agence Le Renard, Herman Van Herzele est condamné à la peine de mort. Vingt ans de réclusion pour Clémentine Leclerc, vingt ans de travaux forcés pour Luc Vanhollebeke, le tueur, et onze ans de prison pour Jacques Swaelens, dit "Jimmy le braqueur de voiture".
Grosso modo, cela correspond à ce qu'avait requis l'avocat général, M. André Mazy. Sauf pour Clémentine Leclerc, contre laquelle il avait requis les travaux forcés à perpétuité. La cour et le jury auront sans doute été sensibles à l'intervention de Me Christian Vanderveeren et à l'ultime plaidoierie de Me Guy Delfosse.
"Nos prisons ne sont pas équipées pour accueillir des personnes de son âge. L'enfermement à perpétuité de Clémentine Leclerc relèverait de quelque chose qui est pire que la loi du talion..."
C'est la voix entrecoupée de sanglots que Clémentine Leclerc avait fait son ultime déclaration:
"Je regrette ce qui s'est passé. J'ai des remords, j'ai beaucoup de peine. En prison, je ne communie plus à la messe. J'ai lu un jour dans le Soir illustré une histoire semblable à la mienne. Mais il s'agissait, je crois, de la femme d'un ministre. Je me suis trouvée dans la même situation. Quand on est trompée, on perd petit à petit son naturel. Et on ne continue à sourire que par décence, par dignité ou par pudeur. Mais souvent, le sourire cache beaucoup de misère."
Herman Van Herzele, le sapeur-pompier directeur de l'agence de détective Le Renard parla fort, la voix entrecoupée de sanglots énormes:
"Cela fait vingt-trois ans que je sauve des personnes. J'étais à l'incendie de l'Innovation. Mon colonel est venu ici, et il sait que je suis innocent. Mme Leclerc qui m'accuse, est une femme diabolique. J'ai crié mon innocence à la police judiciaire, devant le juge d'instruction. Mon cri s'est étouffé pendant sept mois entre les murs de la prison de Forest. Les juges qui m'avaient accordé ma libération provisoire savaient bien, eux aussi, que je suis innocent. Je suis aujourd'hui traumatisé. Je fais des bonds quand on sonne à ma porte, le matin. Huit millions de personnes doivent entendre ma voix aujourd'hui: je suis un innocent!"
"C'est tout..."
Pas de signe extérieur de la moindre émotion, en revanche, chez le "tueur" et son "assistant". Celui qui tira quatre coups de riot gun dans le dos d'Alfred Vlassenroot, le jeune Luc Vanhollebeke, dit:
"Je suis conscient d'avoir mal agi. C'est une affaire ignoble, mais je suis incapable de mettre en cause un innocent. Aujourd'hui encore, je vous dis: c'est Van Herzele qui m'a donné cette mission."
Et Jimmy Swaelens:
"Van Herzele ment tout le temps. J'ai des remords, il est impossible de réparer, mais je puis continuer à dire la vérité. Luc Vanhollebeke a dit qu'il était un salaud. Moi, je vous dis: le salaud et le lâche, c'est Van Herzele. Moi, je veux vivre, me réinsérer socialement, pour ma compagne et pour mon enfant. C'est tout."
C'est tout, et c'est court: pas un seul des accusés n'a eu un mot pour la victime, ni pour ses enfants.
Malaise
Sans porter quelque opinion que ce soit sur le verdict, on peut, à l'issue de ce procès, se demander si Herman Van Herzele a vraiment bénéficié d'un procès équitable.
Comme on sait, on s'est fort peu préoccupé de la veuve Leclerc elle-même, ni du tueur à gages, et encore moins de son accolyte. En revanche, la quasi totalité de l'instruction et des débats ont cerné le seul des accusés qui niait sa participation à l'assassinat.
Il en a résulté une dérive de fait, dont personne n'est sans doute responsable, mais qui a pesé lourd sur le procès: ce fut un match à onze contre deux. En effet, le réquisitoire de M. André Mazy - un chef-d'oeuvre de précision - a bénéficié de nombreux réquisitoires annexes: les quatre avocats de la partie civile et les six avocats des trois autres accusés ont tous consacré l'essentiel de leurs efforts à vouloir établir la culpabilité de Van Herzele. Au-delà de la valeur des arguments exprimés, et dans une procédure qui est purement orale, les jurés ont donc entendu des arguments développées à charge de Van Herzele dans une proportion cinq fois supérieure à celle accordée à la défense. Cela finit par créer un climat général qui fut défavorable à l'intéressé.
Ajoutons à cela que par le hasard de la disposition des accusés dans le box, les défenseurs de Van Herzele n'avaient pas la parole en dernier lieu. Au point final remarquable de Me Guy François succéda donc un post-scriptum plus redoutable encore de Me Eric Vergauwen. Rien de plus normal. Rien de plus légal. Mais rien de plus malchanceux aussi pour Van Herzele. Déjà Me Guy François a fait savoir qu'il introduirait un recours en cassation.
Bron: Le Soir | Guido Van Damme | 4 Maart 1989