Un ex-gendarme du Westland New Post arrêté à Uccle après une saisie impressionnante d'armes en tous genres à Ixelles - Emblèmes nazis, canons sciés, balles explosives, etc.
En 1981, Marbaix "signait" déjà au poinçon les balles du WNP. Après le groupe G, il dit être aujourd'hui du Vlaams Blok.
Samedi à l'aube, la PJ a déclenché des perquisitions en série. À trois endroits, elles ont permis la saisie d'une quantité impressionnante d'armes blanches et à feu (dont bon nombre avec silencieux), de caisses de munitions, mais aussi de fichiers détaillés sur des hommes politiques et du monde des affaires, des policiers et gendarmes proches de l'extrême droite ou ayant enquêté sur elle, ainsi que des journalistes.
Avec, pour certains, des plans de repérage des lieux de résidence. Avec aussi une abondante littérature extrémiste et nazie, des revues révisionnistes, des emblèmes, des portraits et un In Memoriam de Hitler. Avec dédicaces personnelles, des portraits d'Erickson, le dernier leader de l'ex-VMO et de Degrelle (A mon ami Lucien Marbaix, 21.1.91). Des documents et des notes sur les tueries du Brabant, le WNP, Gladio (du nom italien des stay behinds, les réseaux dormants)...
Une copie conforme des panoplies saisies au cours de l'été 1983, lors de la découverte de l'existence du groupe néo-nazi Westland New Post.
Depuis plusieurs semaines, sur base d'un "tuyau" du commissaire Marnette, la PJ suivait les allées et venues d'un ancien gendarme bien connu dans les milieux durs de l'extrême droite: l'ex-maréchal des logis Lucien Marbaix, 45 ans, proche du groupe G (les gendarmes d'extrême droite), impliqué dans l'affaire du WNP au début des années 80 et finalement exclu du corps en 1986. C'est lui qui avait démonté puis remonté des munitions dont il avait marqué les balles au poinçon: selon certains au WNP, ces balles, emportant cette signature, devaient servir à des attentats racistes. Après la dislocation du WNP en 1983, Marbaix suivit un de ses leaders, Michel Libert, dans un autre groupement d'extrême droite, Les compagnons du Christ Graal.
Les services spécialisés de la PJ, tels que le groupe Rotor, le GSO ou la BNB, ont réussi à déterminer que Lucien Marbaix, domicilié rue Vanderkindere à Uccle, et dont l'ex-épouse vit toujours au boulevard Général Jacques à Ixelles, utilisait un grand nombre d'armes différentes, notamment lorsqu'il s'exerçait au tir dans un club d'Anderlecht.
Dans la cave louée avec l'appartement du boulevard Général Jacques, les enquêteurs ont découvert, derrière une cloison montée contre un mur, la plupart des armes: de guerre, de poing (de calibres 7,65 et 9 mm), d'épaule (dont deux fusils à répétition Pietta à crosses et canon soigneusement sciés et munis de silencieux fabriqués par Marbaix, un étonnant pistolet-carabine 22 avec silencieux, et deux copies en cal. 22 du pistolet mitrailleur russe Tokarev avec silencieux), ainsi que des canons, des percuteurs et du mercure, utilisé pour rendre les munitions plus dangereuses.
Lucien Marbaix a été tiré du lit chez son amie, au 395 rue Vanderkindere à Uccle. Il était en possession de la seule arme de poing pour laquelle il avait une autorisation, et qu'il porte sur lui en permanence, parce qu'il se sent menacé, a-t-il indiqué.
Il a suivi les policiers sans difficulté jusqu'à l'appartement qu'il louait à son nom, deux maisons plus loin, au 387. Là, on a saisi, outre la documentation de Marbaix, de nombreuses caisses de munitions: environ 5.000 cartouches de tous calibres. Dans le lot, des munitions explosives, des balles à têtes creuses. Et des armes blanches: nunchaku, poings américains, matraques, crans d'arrêt et le redoutable assommoir à poinçon recourbé figurant sur notre photo. Des croix gammées, celtiques, des emblèmes de la SS...
Le juge Vandermeersche a inculpé Marbaix, qui reconnait la propriété de toute la panoplie en se disant "collectionneur", d'infractions à la législation sur les armes et l'a arrêté. Le matériel saisi est à l'expertise. L'ex-épouse de Marbaix, Anne, et son amie Françoise sont inculpées mais restent libres.
Marbaix aurait aussi déclaré être obligé, par ma philosophie et mes idées politiques, de préparer des actions en cas de bouleversement politique. Le leitmotiv d'un ami de Marbaix, l'autre ex-gendarme du groupe G, Martial Lekeu, actuellement en Floride. Marbaix, occupé comme surveillant dans des grandes surfaces, se revendique d'une extrême droite dure et affirme appartenir aujourd'hui au Vlaams Blok.
Les armes et emblèmes saisis rappellent aussi les panoplies découvertes en 1989 dans un stand de tir sous la maison d'un autre ex-gendarme d'Oupeye, Hubert Defourny, le leader du groupe "Agir", et en 1990 à Herstal, chez Henri Frère, un militant du "Dare", autre groupe dur d'extrême-droite.
Bron: Le Soir | René Haquin en Olivier Van Vaerenbergh | 8 november 1994