fenix wrote:Iemand het volledige artikel achter de betaalmuur?
L'avocat Delhuvenne a pris un certain coup de vieux, depuis la dernière rencontre. On a peine à reconnaître le plaideur des années 1980.
A 71 ans, l'homme porte le poids de l'âge sur les épaules. Ce n'est pourtant pas pour cela que la justice a pris à son encontre une décision renversante : sur décision de justice, Me Delhuvenne, qui fut l'avocat de Patrick Haemers, a été placé sous tutelle.
En 2018, Delhuvenne s'était confié à la DH sur l'affaire des Tueurs du Brabant.
Les confidences portaient sur le 30 septembre 1982, ce jour où les auteurs braquaient l'armurerie Dekaise à Wavre, y volaient 18 armes dont certaines serviraient plus tard, et tuaient de sang-froid, l'achevant gratuitement d'une balle dans la tête, le policier Claude Haulotte.
Si le récit qu'il nous livrait le 14 décembre 2018 est maintenant bien connu, de nouveaux éléments parus dans la presse font bondir l'ancien avocat : le 6 mai 2023, la DH publiait le témoignage d'un certain Joost V., un automobiliste qui affirme avoir croisé à Bierghes, à un endroit précis, le soir de la tuerie au Delhaize d'Alost, une VW Golf qui pourrait être celle des tueurs.
Etienne Delhuvenne, au départ de l'adresse à Bierghes, a fouillé des archives, et ce qu'il a trouvé permet, dit-il, de faire des liens entre tout cela.
Pour comprendre, un retour en arrière s'impose.
Un retour à ce jeudi 30 septembre 1982 marqué, vers 10 h 30, par l'attaque à Wavre de l'armurerie Daniel Dekaise.
Le récit n'a pas varié d'une virgule.
En 1982, Delhuvenne a 30 ans. Son cabinet se trouve avenue du Val d'Or, 6, à Woluwe-St-Pierre.
Jeudi 30 septembre. L'après-midi, il attendait, à 14 h, un premier client, l'homme d'affaires d'Uccle Jean-Luc Piavaux.
Piavaux n'est arrivé que vers 14 h 45, expliquant son retard par le fait que dans l'heure de table, un certain Bruno Vandeuren était venu au bureau à la rencontre de sa sœur, la secrétaire de Piavaux.
Annonçant qu'il y avait eu un braquage le matin à Wavre, Vandeuren demandait à Piavaux de le conduire rue du Beau-Site à Ixelles, à un complexe de box et de parkings de garage, afin d'y reprendre des affaires et un véhicule.
La consultation achevée, Piavaux ayant quitté le cabinet, Me Delhuvenne devait expliquer au client suivant le retard de trois-quarts d'heure.
Selon Delhuvenne, ce client, hasard d'agenda, était Francis Dossogne, détective privé et à l'époque figure connue de l'extrême droite.
Dossogne venait déposer un rapport dans un dossier d'adultère.
Quand il quittait le cabinet, Francis Dossogne se serait rendu en direct à la PJ de Bruxelles où il aurait refilé le tuyau à un commissaire - Y.
"De sorte qu'à 16 h, résume Delhuvenne, "on savait à la PJ où se trouvait l'un des auteurs de l'attaque de Wavre : Bruno Vandeuren, né le 20/7/62, surnommé "Le Gitan""
Le coup de filet avait lieu vers 22 h. Deux individus étaient interpellés rue du Beau-Site, dont un certain T. Q. L., connu selon Delhuvenne comme informateur de la Sûreté de l'État.
Vandeuren, qui échappait à moto, néanmoins balancé par T. Q. L., était rattrapé le lendemain au domicile de sa demi-sœur, la secrétaire de Jean-Luc Piavaux dont on a parlé plus haut.
A la demande de la sœur et via Piavaux, Me Delhuvenne devenait l'avocat de Bruno Vandeuren qu'il rencontrait en prison.
Au parloir où Vandeuren faisait des confidences. Bruno Vandeuren vient alors d'avoir 20 ans.
Selon Delhuvenne, il reconnaissait sa participation "en tant que chauffeur" à l'attaque de l'armurerie Dekaise pour laquelle il avait effectué les repérages la semaine précédente.
On avait choisi le jeudi, expliquait-il, parce que c'était jour de marché. La foule retarderait les secours.
Son rôle consistait "à attendre au volant le retour des complices". (Grosse incohérence ici : à d'autres qu'à Delhuvenne, Vandeuren se vantera d'avoir frappé Daniel Dekaise, ce qui implique qu'il se trouvait dans l'armurerie, donc pas dans le véhicule).
Il racontait avoir entreposé à Diegem les armes volées chez Dekaise, dans la chambre qu'il occupait au-dessus d'un établissement, le café 'De Pomp', depuis qu'il s'était évadé quinze jours plus tôt, le 14 septembre, du centre pénitentiaire de Saint-Hubert.
On peut noter que T. Q. L. dont parle Vandeuren était d'origine vietnamienne, or M Dekaise décrivait l'un des auteurs comme ayant la peau mate.
Ensuite, Vandeuren indiquait avoir effectué les repérages avec un truand français, or le véhicule de fuite, une VW Santana, portait une immatriculation française.
Et le premier fait violent attribué aux tueurs avait eu lieu à Maubeuge six semaines plus tôt.
Du temps où il codirigeait l'enquête, le commissaire Vos n'excluait pas une piste française.
Toujours selon ce que Delhuvenne soutient que Vandeuren lui confiait au parloir en 82, le chef des tueurs était un certain P.
C'est lui, P., qui avait achevé le policier Haulotte.
Vandeuren l'appelait "le fou".
P., un Bruxellois, serait toujours en vie.
C'est la piste, pour Delhuvenne, qu'il faut reprendre et creuser.
L'avocat affirme qu'étant tenu par le devoir de réserve, il ne pouvait pas tout dire. Il a ainsi dû se retrancher derrière le secret professionnel en 1993 quand le juge Hennuy a voulu l'entendre.
Convoqué à la BSR de Bruxelles le 29 octobre 82 quand le nom de Vandeuren circulait déjà, il aurait par contre balancé le nom du truand français dont son client lui avait parlé : quelqu'un de la bande Toumaniantz (Heinrich Toumaniantz, fameux truand des années 1970, mystérieusement "disparu" en 1979, probable victime d'un règlement de comptes et enterré en forêt du côté de Heverlee, encore que la lumière n'a jamais non plus été faite là-dessus).
Maintenant qu'on semble avoir tourné la page de la piste Beijer dans l'affaire des Tueries, Etienne Delhuvenne redit sa certitude que Bruno Vandeuren "a eu un rôle", "a participé à l'une d'elles" et "savait tout sur les Tueurs à leurs débuts".
Certains tenaient Vandeuren pour un mythomane. L'était-il et s'il l'était, jusqu'où l'était-il.
Jean Bultot, le directeur de prison qui fera également parler de lui, disait également qu'il avait obtenu des confidences de Vandeuren qui, selon lui, "donnait l'impression de ressentir une véritable haine à l'égard de l'armurier Daniel Dekaise qu'il traitait de "fumier" (sic)."
Dans sa propre famille, on trouvait que Vandeuren était anormalement très nerveux à l'époque.
Quarante ans après, Delhuvenne fait des liens entre tout.
Nous poursuivons demain la publication de son témoignage.