Le directeur judiciaire de la PJF Brabant wallon tire sa révérence
Jean-Luc Noël, prend sa retraite après 36 ans. D’un naturel plutôt réservé, ce spécialiste des crimes de sang a pourtant des souvenirs à revendre.
Jean-Luc Noël aurait pu déjà quitter il y a quatre ans son bureau des Portes de l’Europe, d’où il dirige depuis trois mandats la police judiciaire fédérale de Nivelles. Mais la fonction lui plaisait, la passion restait présente et il voulait continuer jusqu’à 64 ans, soit en décembre prochain.
Un vrai flic, cependant, ça n’aime pas les incertitudes. Et celles qui règnent actuellement sur les modalités de retraite l’ont poussé à anticiper son départ de quelques mois: vendredi, il laissera à sa remplaçante ad interim ses innombrables classeurs rangés avec une rigueur toute policière. Sa vieille radio est déjà partie, les voitures en modèle réduit, qu’il collectionne, suivront le mouvement cette semaine. Intégrant la PJ de Nivelles en tant qu’inspecteur en 1979, après des candis en droit à Liège, il a gravi un à un les échelons de la maison. Nommé officier commissaire en 86, puis commissaire en chef en 99, il est devenu directeur judiciaire à la réforme des polices. Des fonctions de management qui tranchent avec ses 20 ans de terrain à la "crim", la division spécialisée dans les crimes de sang.
"C'est un métier différent, convient-il. Mais développer une vision stratégique, s’assurer que les enquêteurs aient les moyens de travailler et que les enquêtes se déroulent au mieux, c’est intéressant aussi. Le Dirju est au carrefour de l’opérationnel et du management: quand les travaux du RER à Nivelles ont mis en péril la sécurité dans la prison à cause des “largages” à destination des détenus, j’ai tiré la sonnette d’alarme, la ministre de la Justice est venue sur place et une solution a été mise en œuvre."
Un souvenir: les tueurs du Brabant
Côté souvenir de terrain, Jean-Luc Noël évoque évidemment les tueurs du Brabant wallon. On lui doit la seule empreinte qui figure dans cet épais dossier: il l’a relevée sur le cric de la Saab abandonnée par les auteurs à Braine-l’Alleud, après le drame du Colruyt de Nivelles. "Mais j’étais un petit policier de province et Bruxelles gérait l’enquête, sourit-il. On m’a demandé trois fois si ce n’était pas mon empreinte! Elle n’a jamais pu être reliée à une personne…"
Au fil de la discussion, les personnages s'enchaînent. Nestor Pirotte, tueur multirécidiviste qui avait abattu un antiquaire dans les bois de Lauzelle. Le docteur Delescailles, assassiné à Louvain-la-Neuve par les parents d’un étudiant qui considéraient que le toubib était responsable du suicide de leur fils. Ou ces voleurs qui, dix ans après avoir été arrêtés pour vol de tapisseries au château de Genval, ont commis exactement le même coup une fois libéré. Quelques années plus tard, grâce à une info communiquée à la police suisse par Jean-Luc Noël, ils sont tombés à nouveau, alors qu’ils avaient pris des tableaux dans un musée de Zurich.
"L’ADN, les microtraces, les études de téléphonie, ces nouvelles méthodes ont changé le métier, commente Jean-Luc Noël. Mais le bon policier est toujours le même: quelqu’un qui n’est pas "fonctionnaire de police" mais passionné par son métier, qui émet des hypothèses, qui les vérifie avec rigueur… et qui n’exclut jamais que la direction qu’il suit n’est peut-être pas la bonne."
Bron: Le Soir | 23 September 2015
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