Un substitut bruxellois s'interroge, le patron de la Sûreté s'explique - Un lien entre les tueries et les attentats CCC?
La commission parlementaire d'enquête sur les tueries du Brabant a quitté les pistes des ballets roses, de l'extrême droite, des clubs de tir et des anciens gendarmes pour s'interroger sur la question de savoir s'il faut chercher un lien entre les tueries du Brabant et les attentats des CCC. Hier elle a confronté deux hommes: d'un côté le substitut bruxellois Edwig Steppé, convaincu que les informations détenues par la Sûreté de l'Etat dès octobre 1984 auraient du permettre l'arrestation de Carette et consorts bien avant décembre 1985, si elles avaient été loyalement communiquées et à temps aux enquêteurs, de l'autre, l'actuel patron de la Sûreté, Bart Van Lijsebeth, choqué d'encaisser des critiques après le démantèlement de cette organisation terroriste auquel la Sûreté a largement contribué.
Edwig Steppé constate en 1994 que dans un rapport daté du 15 octobre 1984 (13 jours après le premier attentat CCC), le commissaire De Vroom identifiait déjà Carette et consorts comme les terroristes, indiquant même comment arriver jusqu'à eux (par Christopher Vercauteren, dont il donnait l'adresse) et précisait que Carette s'était teint les cheveux en noir et portait une moustache noire. Or, à la même époque, la Sûreté avait infiltré un informateur X près de Vercauteren, dont Bart Van Lijsebeth refuse de donner l'identité (NDLR: IRC 857...) (*).
Le commissaire de la Sûreté qui le manipulait était Smets, l'homme "infiltré" deux ans avant au WNP néonazi de Latinus. A-t-on volontairement laissé courir Carette et consorts pendant 14 mois? Steppé s'interroge:
Des informations pouvant mener à des interventions qui auraient notamment évité la mort des deux pompiers tués dans l'attentat du 1er mai 1985. N'ont-elles pas été communiquées en temps utile? A-t-on utilisé les CCC dans le cadre d'une stratégie plus large?
En 1994, le substitut Steppé a requis le juge Vlogaert d'instruire. Mais des devoirs demandés n'ont pas été faits. En 1995, le procureur général a critiqué l'initiative de Steppé. L'enquête en est là. Entretemps, on a appris que les archives de la PJ sur les attentats terroristes ont été emportées et détruites par le SGR militaire. Les enquêtes demandées aux comités P et R n'ont pas été faites.
De tout ceci, Steppé a rédigé un procès-verbal pour le ministre de la Justice qui, informé, n'en a toujours pas pris connaissance.
Le chef de la Sûreté réplique que le service avait communiqué au GIA (le groupe interforces antiterrorriste, à ne pas confondre avec l'autre...), dès le 9 octobre 1984, une liste de noms, dont celui de Carette. C'est cette liste qui fut utilisée pour l'opération Mammouth lancée peu après. Pourquoi n'a-t-on arrêté Carette et consorts que le 16 décembre 1985?
Parce qu'en octobre 1984, Carette était entré dans la clandestinité, répond Bart Van Lijsebeth. Il y a eu des observations. Carette a été vu mais, avec ses cheveux noirs et sa barbe, il n'a pas été reconnu. Quant à l'infiltré, il n'était pas l'informateur de Christian Smets.
Selon nos informations, "IRC 857" avait travaillé pour la Sûreté jusqu'en 1982. Il a bien été "repris en main" au début d'octobre 1984 par... le commissaire Smets, nous dit-on.
Bart Van Lijsebeth affirme que la Sûreté a apporté aux autorités toutes les informations dont elle disposait.
Il pense que dans les années 80, la Sûreté a été manipulée tant par des éléments extérieurs qu'intérieurs, qu'elle a été victime de vengeances d'éléments d'organisations d'extrême droite qu'elle avait infiltrées, enfin, que la Sûreté a aussi été manipulée par des services étrangers, notamment dans l'affaire des obus de Florennes, sur laquelle Van Lijsebeth mène une enquête d'initiative.
Prochaine séance vendredi, avec deux officiers du service général de renseignements de l'armée.
Bron: Le Soir | René Haquin | 2 Juli 1997
De informant met codenummer "857" is Maurice Appelmans.
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