Tueries du Brabant: deux étangs du Westhoek seront bientôt fouillés
Les enquêteurs sont sur la piste d’armes à feu, jetées dans un étang sablonneux. Des fouilles massives sont programmées fin juillet.
Deux étangs du Westhoek, situés sur le territoire d’Adinkerke (commune de La Panne), vont être sondés d’ici trois semaines par des plongeurs de la Protection civile, épaulés par des moyens de l’armée. Les enquêteurs de la Cellule Brabant wallon, en charge de l’enquête sur les tueries du Brabant, dont la prescription a été repoussée de dix ans fin 2016 par le Parlement, sont retombés sur une déclaration d’un résident en Espagne qui n’avait jusqu’à présent pas été exploitée.
Cette déclaration, qui remonterait à 2010 ou 2014 selon les sources, détaille les confidences recueillies par le témoin auprès d’un truand anversois, T.P., figure du grand banditisme et de faits de délinquance financière. Ce témoignage avait fait l’objet d’un procès-verbal.
Un "géant" d’1m90
Ce truand, qui mesurait plus d’1m90 (une taille évoquant le mystérieux "géant" des Tueries) est décédé au Soudan dans des circonstances qui demeurent inconnues. Il aurait confié à son ami d’Espagne des confidences troublantes évoquant les tueries et affirmant que son père, un "taximan circulant partout en Belgique" aurait jeté, après les dernières attaques de 1985, des armes dans un lac d’Adinkerke. Dans le lot immergé figurerait, outre des riot-guns, des armes de poing et une Winchester .30.
"Nous avons considéré qu’il serait intéressant de vérifier ces dires, confirme le procureur général de Liège Christian De Valkeneer qui continue d’assumer le suivi de l’enquête. Le délai pour entreprendre ces fouilles tient en la conformation des lieux. La fouille de ces lacs implique l’engagement de moyens techniques importants. Il a fallu également considérer les coûts de pareille opération. Lorsque nous faisons appel à la Protection civile ou à l’armée, il faut désormais payer", regrette-t-il face à ce système de refacturation entre services de l’Etat qui, parfois, bride les nécessités d’une enquête.
Les deux lacs concernés sont issus d’excavations massives de sable destiné aux plages. La vase y est importante et piégeuse, ce qui implique la mise en œuvre de moyens garantissant la sécurité des plongeurs et assurant une fouille efficiente des couches les plus profondes de cette vase sablonneuse et instable.
Pour les enquêteurs de Jumet, placés sous la direction de la juge Martine Michel, il s’agit de fermer une porte "toujours béante". Les fouilles dureront plus d’une semaine. Il faudra, en cas de succès de l’opération, encore corréler les découvertes éventuelles avec les données balistiques du dossier des Tueries.
Des fouilles depuis 30 ans
La recherche des armes des tueurs demeure une priorité depuis plus de trente ans. Elle procède de l’idée que les tueurs auraient pu se débarrasser à la va-vite de leur arsenal plutôt que d’en assurer la destruction complète (comme ils le firent avec certaines voitures incendiées) ou de les conserver.
Des fouilles avaient été entreprises en 1985 dans le canal à Ronquières où rien n’avait été découvert. Un an plus tard au même endroit, des pièces à conviction (un gilet pare-balles, un coffret, un pistolet volé à un policier…) avaient été retrouvées, faisant naître l’hypothèse (jamais vidée) d’une manipulation: les pièces retrouvées en 1986 n’auraient pu (des billets de banque) résister à un an de séjour sous l’eau. Il y eut des fouilles à Halle et même dans la Meuse à Lustin, toujours dans l’espoir de tomber sur l’une ou l’autre de ces armes qui permettrait de remonter, espèrent les enquêteurs, la piste de l’un ou l’autre des tueurs.
Patricia Finné, qui porte le combat des familles de victimes depuis 30 ans (son père fut tué lors de l’attaque du Delhaize d’Overijse le 27 septembre 1985), entend "demeurer prudente" à l‘annonce de cette nouvelle campagne de fouilles. "Il y a eu tant d’espoir dans le passé", dit-elle.
Et des charlatans continuent à sévir, comme cette femme du Nord de la France, appâtée par la disponibilité de la prime offerte par Delhaize (près de 250.000 euros) pour confondre les auteurs, qui harcèle les familles, la juge d’instruction Michel, et le presse avec des informations fantaisistes.
Comme tant d’autres auparavant.
Eviter un autre Tinck
Rien ne garantit le succès de cette nouvelle campagne de fouilles. Et il n’est pas exclu que le "témoin espagnol" ait recueilli des exagérations du truand anversois. Les enquêteurs espèrent en tout cas ne pas être confrontés à une situation semblable à celle que leur avait imposée Jean-Marie Tinck en mai 2014. Ce repris de justice avait confié à un témoin avoir participé aux tueries du Brabant. Arrêté et inculpé pour les tueries, Tincke avait dû admettre que ces affabulations avaient été lancées sous l’effet de l’alcool et d’un désir de se construire un personnage. Il avait été libéré après 3 mois.
Bron: Le Soir | 28 juni 2017
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