Tueries du Brabant: des affaires de coucheries derrière les fouilles des étangs d’Adinkerke
Les enquêteurs cherchent deux riot guns, un pistolet-mitrailleur et le 7,65 mm qui ont tué seize clients de Delhaize en 1985. D’une certaine manière, pourrait-on dire, deux affaires de coucheries se cachent derrière les fouilles en cours dans ces trois étangs à Adinkerke pour retrouver quatre armes, les deux riot guns, le pistolet-mitrailleur et le 7.65 mm utilisés en 1985 par les tueurs du Brabant aux Delhaize d’Overijse, Braine-l’Alleud et Alost (au total, seize tués). La première: un certain Pilarski fut l’amant de Maud Sarr. Quant à la seconde, c’est l’affaire des ballets roses qui a fait fantasmer et alimenté les thèses complotistes.
En pleine psychose dans les années 1990 autour des tueries du Brabant, Maud Sarr, une prostituée, affirma avoir participé à des ballets roses en compagnie de politiciens et de mineurs. Cette prostituée avait pour amant Patrick Pilarski. En prison, Pilarski aurait fait des confidences sur les armes d’Alost. En 2005, ce codétenu rapporte les confidences à un policier de Furnes. Ce sont ces confidences qui provoquent ces fouilles commencées lundi à Adinkerke, en juillet 2017. Et c’est ce lien sulfureux - Pilarski-Maud Sarr-ballets roses-armes des tueurs d’Alost - qui émoustille.
Le codétenu affirme que Pilarski lui a dit qu’après les avoir cachées chez son père habitant à Adinkerke, celui-ci, pour le protéger, craignant la perquisition, se serait débarrassé des armes d’Alost en les jetant dans un des étangs derrière la maison.
À la cellule Brabant wallon, c’est le commissaire Vos qui traite l’information vers 2005. Eddy Vos entend le père Pilarski et l’on peut supposer que les choses n’auraient pas traîné si le résultat avait été concluant. Ce n’est pas ce qui se passe vraiment puisque l’on ne se rend sur place qu’en 2009, pour des fouilles sommaires.
Et au printemps 2017, la décision est prise d’engager des moyens lourds à Adinkerke de façon à "fermer les portes", selon l’expression du procureur du Roi de Charleroi Pierre Magnien.
Sage décision bien sûr, la question étant plutôt de savoir pourquoi avoir attendu si longtemps dans cette enquête sur vingt-huit assassinats.
Entre-temps le père Pilarski est décédé. Patrick Pilarski, qui aurait 57 ans, a disparu il y a dix ans, mystérieusement, apparemment dans un coup qu’il préparait au Soudan.
La presse flamande le présente comme un truand bruxellois fameux. À Bruxelles et en Wallonie, des policiers trouvent que c’est faire trop d’honneur à une "petite frappe" qui, avec deux hold-up dans une station Texaco à Keerbergen et un bureau des postes à Kampenhout, n’arrive pas à la cheville des Haemers et autres Habran. Un enquêteur: "Pilarski en tueur du Brabant? Incroyable. Et les tueurs (qui ont fait un sans-faute) iraient confier leurs armes à quelqu’un comme lui? Gros, gros, gros doutes." Mais qui sait?
Lundi passé, l’ex-codétenu de Pilarksi témoignant à la VRT, dans son magazine Terzake, supposait que "la moitié des membres de la bande sont encore vivants" et prétendait que "beaucoup de gens sont nerveux maintenant que l’on fouille", semblant indiquer ainsi ou bien une certaine proximité qui ne manque pas d’interpeller, ou bien de la mythomanie pure, comme celle des centaines de mythos qui ont nui à l’enquête et enfumé ce dossier depuis ses débuts en 1982.
Pour un enquêteur, l’erreur fondamentale a été d’enquêter sur des hypothèses énergivores et chronophages, en oubliant ce qui fait la réussite des enquêtes criminelles qui aboutissent, l’analyse des faits et l’analyse des indices.
Bron: La Dernière Heure | Gilbert Dupont | 29 Juli 2017
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