Voor diegene (op dit forum en de jonge garde journalisten op de krantenredacties) die dit nog niet weten, Michel Libert kwam in 1991 ook even in opspraak in Vorst nadat hij tijdens de migrantenrellen opgepakt werd en in het bezit was gevonden van een mes. In die periode 1991-1992 hield Michel Libert zich nl., op zijn eigen schimmige manier, met de vzw Edelweiss bezig met de integratie van immigranten in Schaarbeek. Maar in feite was dit vermoedelijk een nieuwe versie van de WNP. Libert gebruikte in elk geval volledig dezelfde recepten om jongeren voor zijn mistige organisatie in te lijven (toelatingsvoorwaarden en -proeven, scoutsgroep, militaire overlevingskampen, ...). Tijdens het Gladio-debat op de RTBF in 1992 kwam de vzw Edelweiss ook even ter sprake. Let ook op de naam van de scoutsgroep. Was dit een referentie naar deze jongerenbeweging van Jean Kalmes uit de jaren '70?
Explications sur une interpellation
Nous avons signalé l'interpellation, dimanche soir, au parvis Saint-Antoine, à Forest, d'un ancien du WNP, Michel Libert. Précisons qu'il a été contrôlé par la police de Forest, puis, en l'absence de tout reproche autre que celui de porter un couteau à cran d'arrêt, qu'il a été relâché vers 2 heures du matin. Ce couteau, je le porte pour me défendre parce que je suis parfois menacé, nous dit l'intéressé. Je n'ai en rien fait de l'agitation, tout au contraire. J'ai empêché certains de dépaver. Je m'occupe d'ailleurs depuis quelques mois de réinsertion des immigrés avec l'asbl Edelweiss à Schaerbeek. C'est en évoquant ce cas précis cependant que le ministre de la Justice, Melchior Wathelet, nous disait, hier, à propos des interpellations faites, dimanche, au parvis Saint-Antoine, qu'un seul dossier lui paraissait discutable, la détention d'une arme blanche prohibée devant logiquement donner lieu à poursuites.
Bron: Le Soir | 16 mei 1991
Edelweiss appelle les jeunes Marocains à devenir "l'élite" de l'Occident - L'extrême droite belge s'intéresse aux Maghrébins
Depuis quelques mois, une association sans but lucratif de Schaerbeek inquiète le monde associatif qui opère dans le milieu immigré. Une inquiétude née notamment de la présence systématique de ses dirigeants sur les lieux d'incidents entre immigrés et forces de l'ordre.
On retrouve dans cette ASBL, Edelweiss, des Marocains et des Belges qui se situent clairement à l'extrême droite. Le plus connu est Michel Libert, l'un des dirigeants de la milice néonazie West-land New Post, active au début des années 80. Autres administrateurs: Hans Ceuppens, candidat du Vlaams Blok à Kraainem, des militants du Front national et un "ancien" du Parti des Forces Nouvelles, J.-C. Bury.
Edelweiss dit avoir pour but de "défendre les droits des peuples", d'organiser un mouvement d'inspiration scoute pour les jeunes Maghrébins, de réinsérer les délinquants, tout en dispensant des cours de langues, de droit et de philosophie.
Quelle philosophie? Le langage utilisé par les tracts de l'association est des plus clairs: le jeune Maghrébin est appelé à faire partie d'une "élite" qui veut "montrer à la société de quel bois elle se chauffe", qui n'offre "ni compromis, ni faux-semblants, ni d'êtres tièdes". Quant à l'edelweiss, elle est "le symbole de la vertu, le nom d'une fleur impérissable, l'espoir d'une société forte et éclairée".
Au-delà de cette littérature, l'association a, selon ses statuts, différents objectifs qui vont de la sauvegarde de la nature à celle du "concept familial réclamant la présence parentale adéquate au domicile" ou la "réactualisation des traditions ancestrales propres à chaque ethnie".
Les fils de la croix et du croissant
Mais le vrai but d'Edelweiss, celui qui suscite le plus de questions, est sans aucun doute la création d'un mouvement de jeunesse international baptisé "Les fils de la Croix et du Croissant", qui comportera des unités nommées "Raiders", d'inspiration scoute, appelées à intervenir bénévolement dans un cadre d'assistance internationale. L'emblème est une croix et un croissant sur fond noir, blanc et rouge, les couleurs de la Prusse d'avant-guerre. Cette Prusse adulée par Michel Libert, qui se définit "non comme nazi, mais comme national-socialiste".
Beaucoup s'interrogent sur le rôle des Marocains présents dans cette association et sur les raisons qui poussent des militants d'extrême droite à s'intéresser au sort des délinquants maghrébins.
Comme s'il fallait dissiper toute équivoque, Michel Libert précise qu'à côté de lui, Le Pen, "c'est de la bibine". En effet: les Maghrébins, répète-t-il, sont génétiquement fainéants, lâches, voleurs et menteurs. Mais il y a moyen de faire quelque chose avec les jeunes. Tout cela est dit en présence de jeunes Marocains, dont Rachid Dimah, le président d'Edelweiss, qui approuvent en souriant. Ils n'ignorent rien du passé de Michel Libert, leur "prévôt de la jeunesse", ni de l'appartenance politique des autres membres belges. Ils ne font pas de politique, disent-ils. Et puis, "Monsieur Libert" leur a promis un emploi.
C'est Rachid Dimah qui est venu trouver Michel Libert pour "faire ensemble quelque chose contre la délinquance". Lors de la constitution de l'ASBL, Dimah a trouvé dans son entourage des amis marocains, appelés au départ pour devenir courtiers d'assurances dans le milieu maghrébin. Karim Saleh et Omar Moulou sont ainsi administrateurs, mais le premier dit avoir découvert par hasard son nom dans les statuts de l'ASBL.
Les locaux d'Edelweiss (64, rue Van Oost) sont aussi ceux d'une société d'assurances, la DDL, pour laquelle travaille Michel Libert (Ceuppens est aussi assureur). Différentes compagnies d'assurances soutiendraient l'ASBL qui se vante de ne recevoir aucun subside.
Abandonner ou défendre leur culture?
Edelweiss offre aux jeunes du quartier différentes activités: natation, musculation, self-défense, et des sorties dans des centres récréatifs (Walibi, Efteling...) qui attirent les jeunes admis dès l'âge de 8 ans. Une cotisation annuelle de 1.500 F est réclamée aux membres, qui peuvent aussi suivre différents cours donnés par des "amis" de Libert.
En participant à cette école, le jeune devient membre de "l'Académie du Saint-Empire". Un nom qui se réfère explicitement aux croisades, et plus particulièrement à celle de Frédéric II, qui a pacifié le monde musulman au point que les armoiries de Frédéric II et du sultan d'Égypte se sont mêlées. Comme la croix et le croissant.
Selon Libert, Edelweiss compte 117 membres dont la plus grande majorité sont d'origine marocaine et nés en Belgique, et ils font partie de "l'élite occidentale". Rachid Dimah, lui, parle de la nécessaire "assimilation" de ces jeunes aux valeurs occidentales: ils doivent abandonner leur culture maghrébine, responsable de tous les maux. Nous sommes là pour leur donner une discipline, nous a-t-il répété plusieurs fois.
Mais, de son côté, Edelweiss, dans sa charte du "citoyen de la Sainte-Alliance", insiste sur le fait que tout membre a "le devoir de garantir et de défendre avec fierté son intégrité ethnique en imposant le respect de ses racines".
Edelweiss affichait d'ailleurs sur sa vitrine les horaires de prière lors du Ramadan. Mais c'était, nous dit Dimah, pour rassurer les parents. Des parents qui, comme les enseignants, sont "lâches et laxistes", et donc à l'origine de cette déliquescence qu'Edelweiss entend corriger.
Bron: Le Soir | 14 april 1992
Les Raiders, groupe de choc de l'elite maghrébine - L'association belgo-marocaine Edelweiss a créé une formation de type militaire: dans quel but?
Une idéologie de droite et un vocabulaire évoquant tout un imaginaire fascisant, le tout dissimulé derrière des objectifs sociaux de réinsertion et d'éducation: telle est Edelweiss, une association belgo-marocaine implantée à Schaerbeek et dont les responsables principaux sont Rachid Dimah et Michel Libert, l'ancien dirigeant du Westland New Post (Le Soir d'hier).
À première vue, Edelweiss a tout pour séduire les jeunes Maghrébins et leurs parents: des activités de loisirs pour les plus jeunes, des cours privés pour les "membres de l'académie du Saint-Empire", une assistance juridique... Edelweiss est pourtant inconnue de la plupart des jeunes issus de l'immigration à Bruxelles.
L'association, il est vrai, cultive un certain mystère, renforcé par une structure extrêmement complexe et des références continuelles à l'histoire germanique qu'affectionne Michel Libert. Edelweiss n'existe finalement que pour soutenir une autre association, "Les fils de la Croix et du Croissant", appelée aussi "Raiders" et qui devrait à moyen terme se substituer aux instances dirigeantes actuelles d'Edelweiss.
Les Raiders, ce sont 17 jeunes sur les 117 que compterait Edelweiss. Comme le dit Libert lui-même, c'est l'élite des élites et il faut montrer patte blanche pour y entrer. Les statuts d'Edelweiss prévoient que, pour "prévenir toute infiltration", le candidat à la qualité de membre doit réunir au minimum cinq voix de parrainage au sein des membres actifs. Les Raiders, c'est vraiment très rigide. Il faut que les impressions que le jeune transmet à l'extérieur ne soient pas faussées.
Des camps de survie en uniforme
Les Raiders participent une fois par mois à un camp "de survie" dans les Ardennes: à Saint-Vith, à Dave ou sur des terrains appartenant au Vlaams Blok, à Couvin. Au programme: procédures d'évacuation, progression en milieu hostile, camouflage, alerte aux gaz, réanimation, combat au corps à corps. Les jeunes portent un uniforme (dès leur départ en gare du Nord): chemise brune, pantalon noir, bottes noires.
Dans quel but cette formation de type militaire est-elle donnée? Pour leur donner un emploi, affirme Michel Libert, pour être sauveteurs sur la côte baltique ou en Espagne. Ils peuvent intervenir lors d'un tremblement de terre, par exemple. Et Libert d'expliquer le prochain "grand projet" des Raiders: l'opération "Grand Laurence" qui consiste à investir deux villages de montagne en France, vidés de leurs habitants, pour y faire de l'agriculture, de l'élevage et "une république des enfants autonome".
Mais d'autres versions circulent à propos des Raiders. Comme celle d'un groupe d'intervention style "Guardian Angels" à New-York. Soit une sorte de milice prête à fondre sur les délinquants et les toxicomanes dans le centre de Bruxelles. Cette image du "sauveteur" prêt à défendre la veuve et l'orphelin trouve son côté positif dans le relevé des "actes de bravoure" des Raiders, publié par Edelweiss ("Saïd a sauvé une personne de la noyade à l'Océadium") mais prend aussi un visage bien plus inquiétant lorsqu'on sait qu'au sein des Raiders, s'est constitué un groupe d'élite (encore!), "Aïn" ("L'oeil", en arabe), chargé d'espionner et d'infiltrer la communauté maghrébine.
Certains adhérents se définissent aussi comme une "milice d'autodéfense des jeunes Marocains", le mot "autodéfense" étant pris en référence avec la société belge et sa "démocratie tronquée". Edelweiss a donné comme mot d'ordre à ses adhérents de ne pas manifester le 22 mars pour la démocratie. Parce qu'il s'agit d'une récupération politique, explique Libert.
En revanche, Edelweiss était présent sur la Grand-Place de Bruxelles, le 15 mars dernier, lorsqu'une cérémonie organisée à la mémoire d'un jeune Marocain a tourné à la violence. À l'invitation d'un délégué du parti Écolo et membre d'Edelweiss, Karim Menguit, affirme Libert. Mais Écolo affirme n'avoir comme membre ou sympathisant aucun Karim Menguit.
Libert et Bedi Gritli, un Tunisien administrateur d'Edelweiss, ont également été vus lors des émeutes de Forest; Libert y a d'ailleurs été interpellé par la police.
Des missions 'humanitaires' dans les Balkans
Les Raiders sont appelés à faire des missions internationales. Dans la lettre d'invitation de fin février, le "prévôt de la jeunesse" Michel Libert rappelle que de "grandes opérations humanitaires se dérouleront dans les prochaines semaines en Albanie et en Yougoslavie, de commune collaboration avec des oeuvres internationales collaborant avec les Nations unies, le Croissant Rouge et la Croix-Rouge".
Des exercices de camouflage et de progression en milieu hostile pour des opérations humanitaires? Le choix des Balkans pour ce type de mission n'est pas dû au hasard. Au sein d'Edelweiss, on trouve en effet un groupe appelé le Cobalk (Commission des Affaires balkaniques, gérée notamment par Fezullah Mert et X. Sheta), qui rassemble des militants albanais et du Kosovo, adeptes de l'ancien régime (pas celui des communistes, bien sûr). Les Raiders sont-ils là pour se mettre au service de certains "amis"? "L'oeil" est en tout cas aussi tourné vers la communauté albanaise.
À observer le fonctionnement d'Edelweiss, et des Raiders en particulier, on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec le WNP: références germaniques, mouvement de jeunesse de type "scout", école privée où les meilleurs sont entraînés à d'autres techniques, notamment celles de surveillance et d'infiltration. La comparaison s'arrête là mais les questions demeurent.
Bron: Le Soir | 15 april 1992