La champignonnière: "Et si c'était quand même Dutroux?"
Le dernier témoin: "Christine me disait: on ne sort pas de là vivante."
"L'été précédent, Christine (Van Hees) avait recontré un garçon dont elle était très amoureuse." Chantal V.I., rencontrée par La DH, n'ignore évidemment pas que la piste de cet amoureux a été suivie, et abandonnée.
Mais pour l'amie de la victime du crime de la Champignonnière, la dernière à l'avoir vue vivante, que nous retrouvons plus de trente ans après les faits, "les enquêteurs ne sont pas allés au fonds des choses. On leur mis, à certains, des bâtons dans les roues."
Chantal va plus beaucoup loin. "Dans mon souvenir, ce garçon dont elle était amoureuse depuis l'été se prénommait Marc, était plus âgé et venait de province. Dans mon for intérieur, ce Marc, c'est Dutroux. Ce n'est pas neuf. Des enquêteurs étaient arrivés à la même conclusion que d'autres rejetaient. Mon problème, c'est qu'on n'est pas plus avancés aujourd'hui mais qu'entre-temps, l'affaire est classée. Les assassins de Christine n'ont jamais été pris et je reste avec mes points d'interrogation."
A l'époque, la jeunesse bruxelloise fréquentait deux patinoires, celle de Forest ou celle du Poséidon à Woluwe. Christine et Chantal ont fréquenté les deux et c'est là que Chantal fait le lien.
Dutroux, qui adorait le patin à glace, fréquentait le patinoire de Forest. C'est même là qu'il rencontré Michelle Martin. Son truc était de faire tomber les filles sur la glace et de les toucher au moment de les aider à se relever. Bref, pour Chantal, "Christine et Dutroux ont fréquenté les mêmes endroits à la même époque."
Chantal ajoute qu'elle a reconnu Dutroux dans l'album de photos que les enquêteurs lui ont présenté à l'époque. "L'album faisait plusieurs centimètres. Le seul dont j'ai reconnu la photo, c'est Marc Dutroux."
Chantal V.I. ne relance pas la polémique. "Après tant d'années, ce lien reste dans mon esprit et n'en sort pas. Ce sont des faits, pas des hypothèses. Cinq mois et une semaine avant d'être assassinée, Christine me disait qu'elle était amoureuse d'un Marc qui l'avait entraînée dans une bande où des gens se livraient à des pratiques de sexe qui lui faisaient peur. Elle se sentait perdue. Elle ne savait pas comment s'en sortir. On pensera que Dutroux est un monstre dont aucune jeune fille ne serait tombée amoureuse. C'est oublier qu'avant qu'on le connaisse, Dutroux a été un jeune homme et un jeune homme mignon. Moi-même, je serais tombée dans le panneau."
Chantal V.I. ajoute des souvenirs. "C'était peu avant qu'elle soit tuée. J'insistais auprès de Christine pour lui dire de quitter ces gens. 'Quitte ce garçon avant qu'il soit trop tard. C'est pas compliqué: dis-lui que c'est fini, point.' Christine m'a répondu: 'Tun ne comprends pas qu'on ne sort pas de là vivante.'"
Chantal V. estime aussi qu'il y a eu des vides bizarres dans l'emploi du temprs de Christine, que l'enquête n'a pas suffisamment expliqués. "Elle a manqué l'ecole parfois plusieurs jours d'affilée. Personne ne savait où elle était ni avec qui. Ce n'est quand même pas normal, à seize ans. A-t-on seulement percé tous ces mystères?"
Enfin, Chantal atomise la piste punk longtemps suivie par les enquêteurs. "L'enquête s'est beaucoup braqueé sur les punks parce que, et c'est exact, Christine est passée quelques fois par la Galerie Agora, tout près de la Grand-Place, où les punks se réunissaient à l'époque. Moi aussi j'y suis allée. Je n'ai jamais eu aucun problème avec les punks, ni personne d'ailleurs à ma connaissance. Vous savez, ce n'est pas parce que les punks avaient leur style qu'ils avaient le fond mauvais."
"Si la peur laquelle vivait Christine venait des punks, je l'aurais su, elle me l'aurait dit. Ceux que Christine craignait, cette bande, que la terrifiait au point de dire qu'on n'en sort pas vivant, ce n'étaient pas les punks. C'étaient des gens plus effrayants."
Chantal V.I. conclut: "Et dans ce qu'on a fait à Christine, je vois comme un message. Quel message? Celui de dire qu'eux, on ne les quitte pas. Tu voilais nous quitter, eh bien, voilà ce qui t'arrive. Et ça, je l'exclus de la part des punks."
Bron: La Dernière Heure | Gilbert Dupont | 17 Augustus 2018
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