Re: Theorie van Chronos
Le roman de Chronos: Chapitre 3
3. Les premières attaques de supermarchés.
Dès qu’il revoit ses deux compères, Abdellah leur soumet son désir de commettre des hold-up dans des supermarchés. Saïd, après les mésaventures du hold-up chez Dekaise, n’est guère enthousiaste à l’idée de devoir prendre de nouveau de gros risques. Mais face à l’insistance d’Abdellah, il finit par accepter.
Dans un premier temps, les trois hommes ont besoin d’une voiture. Partant du domicile de Jean qui leur sert de QG, ils se rendent du côté de Watermael-Boitsfort, finissent par repérer un automobiliste qui se gare devant chez lui, et, par la menace, s’emparent de son véhicule, une Peugeot 504. Pour leur première attaque, ils choisissent pour cible le Delhaize de Genval. Celui-ci est situé à une quinzaine de kilomètres de la rue Paul Spaak, distance qui en soirée et à vive allure, peut être parcourue en une bonne dizaine de minutes. Afin de faire main basse sur la recette la plus conséquente possible, ils décident d’agir un vendredi en fin de soirée. La date est fixée : le 11 février 1983. La veille, le trio, à bord de la Peugeot volée 2 semaines plus tôt, effectue un repérage des lieux et du chemin de fuite.
Le jour dit, un peu après 19h, les trois hommes passent à l’action. Afin d’éviter qu’elle ne se retrouve bloquée comme à Wavre, ils stationnent leur voiture un peu à l’écart dans le parking et pénètrent ensuite armes au poing dans le magasin. Des coups de feu d’intimidation sont tirés. Jean et Abdellah se chargent de collecter le butin dans les bureaux tandis que Saïd, armé lui d’un fusil, tient en joue la clientèle. Le hold-up se déroule sans accroc. Toutefois, alors qu’ils se dirigent vers leur véhicule, Abdellah aperçoit une voiture en mouvement et tire à plusieurs reprises en direction du conducteur, sans le toucher. Ils parviennent à prendre la fuite et atteignent sans encombre leur cache où ils se partagent le butin : un peu plus de 230.000 BEF par personne, soit quasiment l’équivalent d’une année d’allocation de chômage à cette époque.
Mais une somme loin de satisfaire Abdellah qui presse ses deux comparses pour commettre de nouvelles attaques le plus rapidement possible. Dans un premier temps, jugeant la Peugeot trop peu puissante, ils décident de voler une autre voiture. Après avoir pris en filature depuis l’avenue Louise une automobiliste, ils profitent qu’elle se soit arrêtée devant son domicile à Plancenoit pour s’emparer, sous la menace d’une arme à feu, de son véhicule, une VW Golf 5 Portes quasi neuve. Un peu plus loin, ils abandonnent la Peugeot avant de retourner sur Bruxelles.
Après diverses reconnaissances, les deux prochaines cibles sont déterminées : le Delhaize d’Uccle, qui présente l’avantage de n’être qu’à 5 minutes en voiture de la rue Paul Spaak via le bois de la Cambre, et le Colruyt de Halle. Pour cette seconde attaque, ils agiront depuis le domicile de Saïd à Braine-le-Comte.
Le premier hold-up a lieu le vendredi 25 février en soirée. Alors que Saïd reste au volant de la Golf, Jean, muni d’une queue de billard sciée faisant office de matraque, et Abdellah, armé de 2 pistolets de gros calibre, pénètrent dans le magasin. Pendant que Jean se charge de récolter sous la menace l’argent du coffre, son comparse surveille la clientèle. Voyant à l’extérieur une personne tentant de donner l’alerte, il lui tire dessus et le blesse à la jambe. Une fois le butin collecté, les 3 hommes prennent la fuite par la N5 direction Waterloo, bifurque un peu plus loin à gauche dans la drève du Caporal et regagnent sans encombre leur cache via la drève de Lorraine, le bois de la Cambre et l’avenue Louise.
La seconde attaque est organisée quelques jours seulement après, le jeudi 3 mars. Il est 19h30. Après avoir abandonné leur véhicule à proximité de l’entrée du supermarché, le trio investit les lieux. Saïd, armé de son fusil, se positionne à l’entrée. Jean, sa matraque à la main, et Abdellah, armé d’un revolver, se rendent dans les bureaux et sous la menace oblige le gérant à ouvrir le coffre-fort et à placer l’argent qui s’y trouve dans un sac. Ne s’exécutant pas assez rapidement à ses yeux, Abdellah l’abat d’une balle en pleine tête. Leur méfait accompli, ils prennent la fuite via la N7 direction Enghien. Une automobiliste décide de les prendre en chasse mais finit par y renoncer après quelques kilomètres. Arrivés à Bierghes, ils tournent à gauche pour rejoindre la N6 qui les mènent jusqu’à Braine-le Comte.
Le butin de ces deux hold-up leurs permet d’appréhender l’avenir avec bien plus de sérénité. Abdellah utilise une partie de cet argent pour démarrer une petite activité ambulante de revente d’articles d’habillement en maille et de vêtements de grande marque dégriffés. Grâce à sa belle-sœur, trésorière chez Burberry’s, il acquiert notamment les invendus de la boutique parisienne de l’enseigne. Et se réservera par la même occasion pour lui-même un imperméable couleur beige clair de cette luxueuse marque anglaise.
Cependant, cette activité, démarrée officiellement le 21 avril 1983, a surtout pour but de justifier auprès d’autrui son brusque changement de train de vie et ses fréquents voyages de quelques jours. Il n’a d’ailleurs aucunement l’intention d’arrêter ses activités criminelles en si bon chemin. Mais de son côté, Saïd, maintenant que ses soucis financiers sont derrière lui, n’est pas du tout du même avis. Les fusillades de Maubeuge, Wavre et Hoeilaart sont encore fort présentes dans son esprit. A chaque fois, l’issue fût à leur avantage mais il sait pertinemment bien que la chance ne sera pas indéfiniment présente à leur côté. De plus, après le hold-up de Halle, leur tête est maintenant mise à prix, la chaîne Colruyt promettant une récompense de plus de 5 millions de francs belges à toute personne apportant des renseignements utiles à l’enquête. Dès lors, il refuse de commettre de nouveaux hold-up.
Abdellah tente de le faire changer d’avis, en vain. Aussi, il a l’idée de lui proposer de s’attaquer au coffre d’un supermarché non plus en plein jour mais de nuit, les risques étant bien moindre que lors d’un cambriolage. Devant l’insistance et les arguments de son ami, Saïd finit par céder à cette proposition. Toutefois pour pouvoir mettre leur plan à exécution et percer un coffre, un chalumeau alimenté par des bonbonnes de gaz leur est nécessaire. Après s’être rendu dans deux ou trois magasins, Abdellah trouve le matériel ad hoc dans un commerce de Braine l’Alleud. Au lieu de l’acheter, le trio viendra de nuit le voler. Quelques jours plus tard, dans la nuit du 7 au 8 juin, préférant disposer d’un véhicule plus rapide encore que la Golf, ils voleront une Saab Turbo 900 neuve dans un garage situé également à Braine-l’Alleud. Leur forfait accompli et la Golf devenant inutile, Abdellah ira l’abandonner dans le bois d’Hourpes à proximité d’une gare, avant de retourner chez lui en train, via la liaison Düsseldorf - Paris.
Toutefois, et alors qu’une cible, le Colruyt de Nivelles, avait déjà été déterminée, Saïd revient sur sa décision et annonce à ses deux comparses qu’il arrête définitivement tout.
A suivre…