Tueurs du Brabant, le scandale des juges insultés: Luc Hennart lynché sur les réseaux sociaux, et il n’est pas le seul!
Le juge Luc Hennart et d'autres magistrats injuriés jusqu'à l'infamie, dans les réseaux
La série télé '1985' mêlant sans nuance réalité et fiction, le déplacement en Thaïlande de la juge en charge du dossier des Tueurs du Brabant et l'expulsion vers la Belgique de l'ancien gendarme Robert Beijer, ces éléments affolent les réseaux sociaux. Des magistrats sont les cibles d'attaques d'une rare violence, les réseaux charrient les contrevérités et les outrances, les injures, les insultes, les insanités, la calomnie. Particulièrement visé dans les forums de discussion, le juge Luc Hennart est même taxé de "fourbe", et personne ne réagit ni ne s'indigne.
Ce lynchage, sur le site 'Tueries du Brabant/Bende van Nijvel', porte atteinte à l'honneur de l'ancien procureur du roi de Nivelles Jean Deprêtre qui dirigea l'enquête sur la filière boraine en défendant jusqu'au bout la thèse des prédateurs. Dans les discussions, un certain utilisateur affirme que le magistrat décédé en 2014, dont l'intégrité n'a jamais été mis en cause et dont il flétrit la mémoire, agissait, écrit-il, en fonction de ses liens "démontrés avec certaines personnes du milieu ".
Il est porté atteinte à l'intégrité de l'avocat général à la retraite Jean-François Godbille qui rédigea un rapport, dans les années 1990, dans lequel il relevait de curieuses coïncidences et sur la base de celles-ci, de possibles connexions entre certains personnages du monde des affaires et du monde politique, et les milieux criminels. un utilisateur prétend que l'avocat général Godbille "fréquentait Robert Beijer rue Père Damien à Woluwe-Saint-Pierre." Beijer, écrit-il, rencontrait Godbille en Belgique avant qu'il ne gagne la Thaïlande. Si un internaute met en garde sur "de telles révélations à l'emporte-pièce", un autre contribue à la malfaisance qu'il distille en prétendant n'avoir aucun doute sur ces rencontres : " même si le fait s'avère fondé ", écrit-il.
Dénigrant l'image de magistrature, le même internaute attribue l'"échec de ce foutu putain de dossier " au "monde de fonctionnement des magistrats tenus sur les rails par l'avancement, les nominations et les médailles, etc."
Encore et encore
À l'annonce de l'interpellation de Robert Beijer, on a beaucoup vu l'ancien président du tribunal de 1ère instance de Bruxelles Luc Hennart exprimer sa conviction de l'innocence de l'ancien gendarme dans l'affaire des Tueries. Oubliant qu'il a dirigé la seule instruction ayant conduit à la condamnation de Beijer, certains semblent avoir compris que Luc Hennart aurait tourné casaque, pour d'obscures raisons, par rapport à la piste Beijer qui, si elle a le vent en poupe en Flandre, séduit moins la plupart des observateurs francophones.
Et les internautes s'emballent et se déchaînent
Sur le réseau social Facebook et le site des tueries du Brabant, un certain internaute considère que "Hennart est au dossier TBW ce qu'Emmanuel André est à la politique COVID : il adore raconter n'importe quoi. La question, c'est pourquoi ? Erreur de bonne foi ? Incompétence ? Ou intérêt à mentir ?"
Deux autres donnent à entendre que M Hennart "est aux ordres", soit la pire insulte qu'on puisse adresser à un magistrat. Pour un troisième, "Luc Hennart est aux ordres, il obéit".
S'aventurant dans des idées de complot, un autre internaute encore verse dans la calomnie en interrogeant : "Vous avez une idée sur les donneurs d'ordres à Hennart, car "cela pourrait éclaircir le mystère". Il relate que Luc Hennart a refusé jadis de "transmettre le dossier Mendez à la Cellule Brabant wallon qui s'intéressait de près à Bouhouche et Beijer". Sauf que c'est faux : le procès Bouhouche-Beijer terminé, dès que la procédure judiciaire l'autorisait, le dossier était au contraire transmis en intégralité à la cellule Brabant wallon, qui, l'ayant à sa disposition les quinze années suivantes, n'allait par contre pas davantage y trouver de liens le reliant à leur dossier.
Interpellés par la forte présence de Luc Hennart sur les plateaux, des internautes considèrent que "cela ressemble fort à une campagne médiatique. On croirait entendre non un magistrat, mais le porte-parole de Beijer".
L'un d'eux, grotesque et ignoble, va jusqu'à avancer qu'il serait "presque possible" que Luc Hennart "soit du côté de gens toujours suspects".
Dans l'insulte toujours, un certain internaute expose qu'il " faut se méfier de tous les mecs qui portent le noeud pap".
Tandis qu'un autre décrit Luc Hennart comme "un homme qui fait des nœuds papillon avec tout et avec sa suffisance", précisant pour bien marquer son propos, qu'"une personne suffisante est une personne qui a une opinion avantageuse de lui-même et montre du dédain vis-à-vis d'autrui".
Les mêmes qualifient les journalistes professionnels de "journaleux prêts à faire monter n'importe quel guignol en première ligne ".
Exposant que Luc Hennart n'a pas caché l'ambition de devenir un prochain ministre de la justice, ils en concluent que le juge depuis peu retraité prépare "une reconversion en politique, dans les rangs socialistes". un internaute commente que Luc Hennart "en a déjà l'étoffe, eu égard à sa virtuosité dans le foutage de gueule".
Et cela continue. On peut lire un utilisateur des réseaux sociaux qui estime qu'"il est grand temps pour le Haut Conseil de la Justice (ndlr, il doit s'agir du Conseil supérieur de la Justice, certains sont peu informés) d'intervenir". Tandis qu'un autre, déjà cité, considère qu'il "est vraiment temps que le parquet fédéral frappe du poing sur la table au sujet de Luc Hennart".
Pour un certain Corentin, aucun doute qu'en tant que candidat ministre de la justice, "Hennart aimerait surtout que l'"opération Beijer' effectuée avec l'aval de l'actuel ministre (Vincent Van Quickenborne) soit un fiasco ".
"Il (M Hennart) me rend malade", crache encore un autre internaute.
Les commentaires sont haineux.
Luc Hennart est traité de "misérable", de "minable", de "mégalo autoritaire et cassant", "arrogant" et "scandaleux", pétri d'"orgueil et de vanité ", et encore de "lulkoek" (connard).
Et de "fourbe", enfin, tandis que dans les réseaux toujours, ce dossier des Tueurs du Brabant qui amène certains cerveaux à perdre toute contenance, pousse un internaute à l'infamie. Sur sa page Facebook, 'le même utilisateur franchit un pas en salissant la juge de Charleroi qui se démène depuis quinze ans à faire la vérité. Répandant à son propos de la calomnie, il conclut qu'"il n'a aucune confiance envers la juge d'instruction en charge du dossier des tueries". Là non plus, personne n'intervient.
L'administrateur du site
Le fait de s'intéresser à l'affaire permet-il à ces gens qui se répandent et s'autoproclament enquêteurs, d'injurier et d'insulter ?
Nous avons souhaité obtenir la réaction de l'administrateur du site. Encore que les messages ne datent pas de la veille, Michel Leurquin a répondu qu'"il n'est pas facile d'être attentif à tout moment et de surveiller les posts au fur et à mesure". "Quand je supprime des messages ou quand j'exclus des contributeurs", poursuit l'administrateur du site Tueries du Brabant/Bende van Nijvel, "on m'accuse de faire de la censure". Michel Leurquin est d'avis que les messages "sont à l'image de notre société". Il allait se mettre au travail, tout relire, et promettait de supprimer les dérapages, comme il appelle cela.
Michel Leurquin, l'administrateur du site, a précisé ce mardi matin, que les suppressions ont été faites, et qu'il souhaite présenter ses excuses à Monsieur Hennart.
Bron: La Dernière Heure | Gilbert Dupont | 28 Februari 2023