Simon Poncelet: l'enquête finie à l'été
L'assassinat de Simon Poncelet, dans la nuit du 21 au 22 février 1996 - ce qui fera exactement 5 ans mercredi -, avait rapidement pris une dimension particulière. Pour trois raisons: ce jeune et sympathique inspecteur de la police judiciaire de Mons avait été tué dans les locaux mêmes de la PJ; la piste interne avait vite paru être la bonne; Guy Poncelet, ancien procureur du Roi de Tournai, s'était publiquement élevé contre le traitement réservé au dossier de son fils
Que s'était-il au juste passé à Mons, ce mercredi-là vers 23h30? Une chose est sûre: Simon, qui était de permanence, fut abattu de 4 balles. L'arme? Un revolver volé dans les locaux de la... PJ, en 1986. Mais au départ, l'enquête avait patiné: compte tenu de l'existence de la piste interne, ce n'était sans doute pas une bonne idée de laisser d'abord la PJ enquêter elle-même. C'est ce qu'avait dénoncé le père de la victime (lire ci-dessous).
Finalement, au mois de septembre 1996, une «cellule Simon» avait été créée au sein de la BSR (brigade spéciale de recherche de la gendarmerie, aujourd'hui police fédérale) de Mons. Questions principales: avait-on, en abattant son fils, tenté d'atteindre Guy Poncelet? Ou bien Simon, qui enquêtait sur un trafic de voitures volées, avait-il représenté un danger pour le «milieu» ? Ou bien encore s'était-il, même involontairement, impliqué dans les dissensions graves qui régnaient à la PJ de Mons? On se souvient, à cet égard, des rivalités opposant le commissaire principal Franz Leclercq à son supérieur, le commissaire en chef Bernard Jonniaux.
Tout avait rebondi exactement deux ans après la mort de Simon: le 21 février 1998, la juge Christine Dutillieux ordonnait l'arrestation de M. Leclercq. La piste du règlement de compte interne était donc la bonne? Le mobile aurait par exemple pu être, disait-on à l'époque, que le commissaire, surpris par l'inspecteur alors qu'il fouillait le bureau de M. Jonniaux, avait tué le témoin gênant. Car si on avait su, cela aurait été très mauvais pour la carrière de M. Leclercq, malgré sa réputation de «bon flic» : il avait déjà été suspendu pour avoir écrit de sulfureuses lettres anonymes.
Toujours le "suspect n°1"
Pourtant, un tel mobile a pu paraître indigent: tue-t-on vraiment pour cela? Possible. Mais pas sûr, car certains indices peuvent également paraître légers. Ainsi, des traces de poudre relevées sur une veste appartenant à M. Leclercq sont similaires à celles prélevées sur les vêtements que portait Simon Poncelet. Certes. Mais pourquoi M. Leclercq, en policier expérimenté, n'a-t-il par exemple pas fait disparaître cette veste saisie de nombreux mois après l'assassinat? En clair, du côté de M. Leclercq, on ne plaide pas coupable (lire ci-dessous). Sa détention préventive avait d'ailleurs cessé le 10 juillet 1998. Depuis, le commissaire n'a plus été interrogé.
Quoi qu'il en soit, on approche du dénouement. Certes, la «cellule Simon» poursuit quotidiennement son travail, comme on nous l'a confirmé lundi: quatre hommes à temps plein et deux autres en appui continuent de nombreuses vérifications. Mais on prête à Mme Dutillieux l'intention d'effectivement clôturer le dossier prochainement. Vers le mois de juin, comme le dit un bruit de couloir, au palais de justice? «
Il est prématuré de fixer une échéance au mois près, car plusieurs expertises sont encore en cours », nous a-t-on indiqué à Mons.
En tout cas, Franz Leclercq reste clairement le suspect n°1: les travaux à achever ne divergent pas, selon nos informations, de ce qui est déjà connu. Il se dit même que le parquet sera probablement amené à demander à la chambre du conseil de renvoyer le suspect devant la cour d'assises.
Bron: La Libre Belgique 2001 | Roland Planchar | 18 Februari 2001
Raoul Moury reste confiant: il défend un homme innocent. L'avocat se dit parfaitement convaincu que son client, le commissaire Frans Leclercq, n'a réellement pas commis ce qu'on lui reproche. Mais la justice montoise, malgré une enquête productive, est décidément dans le collimateur de toutes les parties: « M. Leclercq a été arrêté à la date anniversaire du 21 février 1998. Je me demande sans plaisanter par quel processus il n'y a pas eu une sorte de déclenchement psychologique par rapport à cela ». En tout cas, Me Moury estime que l'accès au dossier ne lui a « pas appris grand-chose » - rien de très neuf depuis 1998? - et a le sentiment que « des éléments d'enquête que nous aurions souhaités n'ont pas été réalisés ».
Auraient-ils, le cas échéant, été de nature à montrer que M. Leclercq a raison de « persister absolument à dire qu'il n'est pas coupable » ?« Quand vous êtes inculpé de quelque chose, le problème n'est pas pour vous de démontrer votre innocence ni de rechercher le coupable », rappelle à bon escient l'avocat, « c'est aux autres de démontrer que vous êtes coupable ». Or, précisément, Me Moury n'a pas le sentiment que la démonstration est faite. Gageons que si, comme c'est probable, l'affaire va devant les assises, le débat sera rude. En tout cas, l'avocat aurait « souhaité que l'enquête, autrement diligentée, nous ait conduits vers d'autres pistes. J'ai le sentiment objectif que tout aurait pu évoluer autrement ».
Bron: La Libre Belgique 2001 | Roland Planchar | 18 Februari 2001
Mais qu'est donc devenue l'affaire Simon Poncelet?
Pas content: Jean-Philippe Mayence, l'un des avocats du principal suspect dans l'affaire Simon Poncelet, du nom d'un jeune inspecteur de la PJ de Mons abattu au cours de la nuit du 21 au 22 février 1996, n'est vraiment pas content, comme il l'a dit lundi sur les antennes de la RTBF. En bref: l'enquête, qui serait menée à la charge exclusive de son client, le commissaire Franz Leclerq, piétine et broie un innocent, le temps aidant. Rétroactes.
Le meurtre de Simon Poncelet avait tôt pris une dimension particulière, car ce jeune et sympathique inspecteur de la police judiciaire avait été tué dans les locaux mêmes de celle-ci. Un comble. D'autre part, la piste interne avait rapidement semblé être la bonne, du moins avait-elle ainsi été présentée peu après l'entame de l'instruction - qui avait bien mal débuté, puisque « tout le monde a par exemple marché sur les indices au sol », relevait un observateur, à l'époque. Enfin, le père de la victime, l'ancien procureur du roi de Tournai, Guy Poncelet, s'était publiquement élevé contre le traitement réservé au dossier, notamment en s'étonnant que, malgré les premiers éléments, l'enquête reste dans les mains des «péjistes» pendant plus de 6 mois.
Au-delà de la position judiciaire, on s'était longuement interrogé: peut-être avait-on tenté d'atteindre Guy Poncelet en abattant son fils? Ou bien Simon, qui travaillait sur un trafic de voitures volées, représentait-il un danger pour le «milieu», réputé dangereux en la matière? Ou bien encore, thèse plus proche de celle du juge d'instruction, Christine Dutillieux, s'était-il - même sans le vouloir - impliqué dans les dissensions graves qui ravageaient la hiérarchie de la PJ de Mons?
En tout cas, c'est exactement au deuxième anniversaire du meurtre que le commissaire Leclercq avait été arrêté (« Un coup aux apparences médiatiques », tonne désormais Me Mayence), le juge d'instruction privilégiant donc totalement la piste du règlement de compte interne. Malgré tout, les indices mis en avant n'avaient pas paru extrêmement convaincants. La chambre des mises en accusation avait d'ailleurs libéré M. Leclercq - qui a toujours affirmé avec véhémence être parfaitement innocent - après quelque quatre mois de détention préventive.
«Rien avant l'année prochaine»
Or, si au cinquième anniversaire de la mort de Simon, au mois de février 2001, la justice avait laissé entendre que l'enquête approchait de son terme, annoncé «pour l'été», nous avions en revanche appris, au mois de juin puis encore la semaine passée, au parquet de Mons, qu'on en est loin: « Non, il ne faut pas espérer que le dossier nous soit communiqué par l'instruction avant la fin de l'année au mieux», y disait-on sans ambages, mercredi dernier, « car les devoirs d'instruction n'ont pas été réalisés aussi vite qu'espéré ».
Rien d'étonnant, dès lors, à ce que Me Mayence nous indique, lundi, que « lorsque j'ai demandé pour la deuxième fois à consulter le dossier, on m'a dit au parquet général que l'instruction traînait ». Fâché, l'avocat: « C'est intolérable pour mon client, qui est innocent, car, en pratique, il ne travaille plus depuis 3 ans et il est totalement rejeté par son milieu professionnel, ce que je peux comprendre vu les lenteurs ». Jean-Philippe Mayence rejette en outre l'orientation prise par l'enquête de MMe Dutillieux: « Tout est fait dans un seul sens, sur une seule piste, alors qu'il en existe beaucoup d'autres qui méritent une attention soutenue et où se trouve la vérité ».
Bref, le défenseur de M. Leclerq a décidé de mettre le holà prochainement, si rien ne change: « Je dois, en novembre ou en décembre, pouvoir voir le dossier. Si cela coince encore, j'userai probablement de l'article 136 bis du code d'instruction criminelle », qui donne à la chambre des mises en accusation un droit de regard sur les instructions longues. Et là, l'instance d'instruction peut donner des directives aux magistrats instructeurs...
Bron: La Libre Belgique 2001 | Roland Planchar | 28 Oktober 2001
Simon Poncelet: 7 ans déjà...
Le procureur du Roi a tracé ses réquisitions. Pour le renvoi devant les assises de Franz Leclercq
Mons 21 février. Voilà sept ans, le jeune inspecteur de la PJ de Mons Simon Poncelet était abattu de quatre balles de revolver (du type d'arme qui fut naguère utilisée par les collègues du jeune homme), à la PJ de Mons, à l'époque installée dans des locaux vétustes, rue du Gouvernement à Mons. Simon Poncelet y effectuait la garde seul.21 février: c'est aussi le 5è anniversaire de l'incarcération de Franz Leclercq, son supérieur hiérarchique. Le commissaire principal était libéré le 10 juillet de la même année, par la chambre des Mises en accusation. Motif: absence d'indices sérieux de culpabilité». Depuis, il reste suspendu de ses fonctions. Début de cette année, il a encore étudié longuement le dossier au palais de justice de Mons.
A la clôture de l'instruction, le dossier, lourd de 50 cartons, a été étudié depuis mai dernier, par le procureur du Roi de Mons Claude Michaux. Interrogé ce vendredi, ce dernier explique que début du mois de février, il a tracé ses réquisitions, allant dans le sens d'un renvoi de M. Leclercq devant les assises.
Cette nouvelle est loin de ravir Me Jean-Philippe Mayence, avocat de la défense. «Les dernières expertises en date effectuées par le BKA, sont favorables à mon client. Veut-on justifier 7 années de procédures mal faites? On décide qu'il faut renvoyer mon client aux assises, quitte à ce qu'il soit acquitté: on jette un homme en pâture! M. Leclercq a réétudié le dossier jusque voilà une semaine: il n'y a pas trouvé trace de ce réquisitoire du parquet! J'espère que la chambre du conseil va requérir un non-lieu!»
Bron: La Dernière Heure | 22 Februari 2003
"Le monde est dangereux à vivre! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire." Volg ons via »
Facebook |
twitter |
YouTube