Re: Cel Waals Brabant
Ben zei onlangs dat het onderzoek helemaal niet is vastgelopen. Gilbert Dupont, de schrijver van dit artikel uit La Dernière Heure van vandaag denkt er duidelijk anders over.
Les “faits Brabant Wallon” rendus imprescriptibles, il faudra redynamiser la cellule d’enquête dont les nouvelles ne sont pas excellentes.
On l’appelle la Cellule Brabant Wallon, en abrégé la CBW. Sur elle repose l’espoir d’arriver à la vérité. Mais les indiscrétions que l’on recueille à Charleroi ne sont pas terribles. Mauvais climat, burn-out, départs, tensions : ça tourne carré chez les enquêteurs chargés de résoudre le plus grand mystère criminel de l’histoire du pays, 28 assassinats en 1982, 1983 et 1985.
2010, les chefs d’enquête écartés
Le virage qui amène à la situation actuelle est opéré au tout début des années 2010 avec le limogeage successif des deux chefs d’enquête historiques, les commissaires Ruth et Eddy Vos. Lionel Ruth, le premier, considère qu’il dérangeait parce que sa vision s’opposait à celle des magistrats qui chapeautaient la CBW, nommément le procureur De Valkeneer.
À l’époque, on l’aurait empêché de poursuivre l’enquête en employant une nouvelle méthodologie qui, selon lui, laissait entrevoir de vraies possibilités de résultats. Des vérifications devaient être accomplies, qui nécessitaient toutes les ressources policières disponibles à la cellule. Alors qu’il réclamait des renforts pour poursuivre dans cette direction, il serait devenu gênant, ses ennuis auraient commencé et on l’aurait “dégagé” en montant contre lui diverses procédures dont il sortira, des années après, totalement blanchi.
L’année d’après, Eddy Vos jetait à son tour l’éponge, également après des luttes avec ceux qui avaient la mainmise sur la cellule. Décapitée, l’enquête se voyait privée de ses deux “mémoires vivantes”. Ce ne serait pas pour un mieux.
2011, des archives détruites
Une nouvelle équipe se mettait en place avec à sa tête le commissaire Quinet. C’est alors qu’en accord avec les magistrats, la décision était prise de détruire, en quantités importantes, des archives, pièces et dossiers divers stockés à Jumet. La ministre d’alors, Annemie Turtelbaum, justifiait que cette documentation, rendue inutilisable suite à des inondations, n’était de plus pas essentielle à la poursuite de l’enquête. Aujourd’hui, la réponse est fortement mise en doute. Les inondations dataient de plus de 20 ans. Quant à soutenir qu’elle n’était pas essentielle, nul ne pouvait le savoir à l’avance. On aurait ainsi brûlé des fardes de travail de dizaines d’enquêteurs contenant des données qui pouvaient devenir cruciales, notamment des enquêtes sur les clubs de tir et leurs membres, des registres de la BSR de Bruxelles, des copies de dossiers d’affaires connexes, et cetera.
2012, retour aux vieilles pistes
Sous la direction des magistrats, la nouvelle équipe recentrait les recherches sur l’extrême droite et ses différentes déclinaisons : le WNP, Michel Libert, Eric Lammers, Christian Smets, Bouhouche, Beijer et consorts. En fait, des hypothèses ressassées depuis 25 ans, et qui n’avaient abouti à rien. Les résultats n’ont pas été ceux espérés. De nouvelles pistes (Tinck, Bonkoffsky) ont duré le temps que durent les feux de paille. L’enquête était dans un bourbier où elle pataugeait sans sortir. Des querelles et tensions au sein de la cellule ont conduit à des départs, des burn-out et au final, à l’éjection du procureur De Valkeneer.
2017, la reprise en main
Avec l’arrivée du CD&V Koen Geens à la Justice, le dossier, jusqu’alors aux mains du parquet de Charleroi, était repris par le parquet fédéral. Geens annonçait des renforts – jusqu’à “30 enquêteurs” – et des résultats : “Un procès dans les trois ans (donc, 2020 !)” .
Avec la nouvelle procureure Marianne Capelle, les enquêteurs rencontraient une magistrate à poigne, “à fond dans le dossier” mais au tempérament compliqué, “cassant, dictatorial” disent les uns, “ pitbull” et “peu psychologue” ajoutent d’autres, avec laquelle les incidents devinrent coutumiers.
La manière de fonctionner changeait du tout au tout. À la CBW, il n’était plus question de prendre des initiatives. Les enquêteurs ne travailleraient plus que sur des apostilles prescrivant les devoirs d’enquête à accomplir. “Pas toujours à bon escient”, clashent certains.
2018, analyse financière refusée
L’arrivée du commissaire Laurent Lemmens en tant que nouveau chef d’enquête s’inscrit dans cette politique. On cite l’exemple d’un projet d’analyse financière, espérait-on, allait relancer l’enquête. Quoi qu’on dise, les faits liés aux tueries ont rapporté un butin de 7 103 489 francs belges. Ce n’est pas rien.
L’idée était de charger deux enquêteurs spécialisés de cibler certains individus et rechercher des flux financiers suspects en épluchant les comptes bancaires, ce genre de choses. Le projet n’a pas reçu le feu vert et les deux enquêteurs financiers ont finalement quitté la cellule.
2019, soupçons de manipulations
Début 2019, l’arrestation (par la juge, fortement poussée par la procureure, dit-on) de deux anciens enquêteurs de Termonde suspectés d’avoir manipulé l’enquête, notamment dans le volet des armes de Ronquières, a créé un malaise durable. En les jetant en prison, et avec d’autres pressions, l’espoir était qu’ils craqueraient au bout d’un temps, ce qui n’a pas eu lieu. Mais le procédé a divisé. Des enquêteurs sont partis, des collègues ont dû les remplacer et certains n’ont pas eu le choix. Les “trente enquêteurs” promis par le ministre n’ont pas tenu longtemps et l’objectif d’un procès en 2020 n’a pas été atteint.
2021, nouvelles turbulences
Des histoires d’ordre privé se sont mises là-dessus : la relation romantique d’un enquêteur et d’une policière nouvellement intégrée. Il n’y aurait pas lieu de l’évoquer si elle n’avait eu des répercussions sur le fonctionnement de la CBW. L’affaire a tourné au vinaigre et à la suite d’une plainte, le policier, entendu pour violences conjugales, a été prié de faire quelque temps un pas de côté.
L’histoire plongea la cellule d’enquête dans un climat peu propice à de grandes avancées alors que les recherches ADN n’apportaient malheureusement pas non plus de résultats.
2023, l’échec Beijer
Début 2023, l’axe d’enquête Robert Beijer, retardé par la crise Covid, laissera beaucoup sur leur faim. Ce fin renard de Beijer avait-il déjà compris à Pattaya qu’il était sous surveillance bien avant l’arrivée officielle de la commission rogatoire ? Le déplacement en Thaïlande fut, quant à lui, émaillé d’incidents. Au retour, la juge d’instruction allait se plaindre du comportement d’enquêteurs.
Beijer, revenu en Belgique, continua d’être sous surveillance (écoutes téléphoniques, etc.). Visiblement sans grand résultat : alors qu’il se tenait à la disposition de la juge, celle-ci faisait savoir qu’elle n’avait finalement pas besoin de l’entendre. Bref, tout ça pour ça. Depuis, Beijer, qui ne peut retourner en Thaïlande où résident sa femme et son fils, voyage entre Bruxelles et un pays proche en Asie où les trois peuvent se revoir.
Ajoutons que l’enquête s’est discrètement intéressée aussi à Buslik, l’ami de Beijer, qui vit aux États-Unis.
2024, penser la suite
Il y a, enfin, cette drôle d’histoire récente d’archives retrouvées par hasard dans une armoire ‘égarée’ au palais de justice de Charleroi. Des archives d’échanges entre magistrats.
Pour l’heure, la CBW compte encore une petite demi-douzaine d’enquêteurs : deux policières, un spécialiste forensique, un détaché de la PJ de Louvain assez proche de la retraite, et un vieil enquêteur, le plus ancien, revenu d’un long burn-out, encore moins motivé, et qui décompte les mois.
En manière telle à présent que l’affaire des tueries rendue imprescriptible ne sera pas prescrite en 2025, qu’on voit difficilement, si l’on veut garder l’espoir 42 ans après le premier fait, comment ne pas recalibrer, renforcer et redynamiser la cellule d’enquête à Charleroi.