Fin décembre 2005, la Cellule Brabant wallon, en charge de l’enquête sur 28 meurtres perpétrés dans notre pays au début des années 1980, apprenait le décès, un mois plus tôt, en France, de l’ancien gendarme Bouhouche.
Sorti de prison, Bouhouche s’était établi à Fougax-et-Barrineuf, dans un gîte qu’un ancien du Front de la Jeunesse mettait à sa disposition. Une commission rogatoire s’est rendue en France. Elle a confirmé le décès accidentel survenu le 22 novembre déjà de Madani Bouhouche mort écrasé par le chêne qu’il sciait.
Divers indices trouvés sur place ont été expertisés à Bruxelles par l’Institut National de Criminologie et Criminalistique. Conclusions, des données effacées dans le back up de son PC.
La plus spectaculaire, encore qu’elle soit négative: le riot gun saisi dans la bergerie de Bouhouche n’a pas servi aux tueries du Brabant. La vérification s’imposait. A priori, l’arme était intéressante dans la mesure o๠elle pouvait correspondre aux fusils à pompe utilisés en 1982, 1983 et 1985 et que l’exemplaire trouvé chez Bouhouche datait d’avant 1987.
Mais les résultats sont formels: ce riot gun-là n’a pas servi. Deuxième constatation, au niveau informatique: avant que la police belge n’arrive à Fougax-et-Barrineuf “il s’était écoulé plus de six semaines” des données ont été effacées dans le back-up du PC de Bouhouche. Par qui et pourquoi? A l’enquête, s’il échet, de le déterminer, mais l’INCC a pu reconstituer une partie non négligeable des données détruites.
Les enquêteurs de Jumet précisent que ce qui a pu être reconstitué n’apporte rien de neuf à l’enquête sur les tueries. Mais un des dossiers reconstitué est un carnet dans lequel Madani Bouhouche avait noté, au jour le jour, ses réflexions, alors qu’il comparaissait pour l’assassinat de l’ingénieur Mendez.
Autre fait troublant: les enquêteurs savent à présent que Bouhouche utilisait un second ordinateur, qui a disparu. Autre découverte: une partie de la trentaine de disquettes retrouvée a également été manipulée. Pour certaines, le contenu a pu être reconstitué. Leur examen n’a rien révélé de vraiment neuf.
Si une seule arme a donc été retrouvée, plusieurs indices, douilles et cartons de tir notamment, prouvent indubitablement que Bouhouche possédait ou qu’en tout cas d’autres armes que le riot ont été utilisées dans le stand qu’il avait aménagé, armes qui, toutes, ont disparu. Pour l’INCC, les perquisitions de janvier 2006 sont intervenues tardivement. Depuis le 22 novembre, d’autres avaient fait le ménage.
Bron » La Dernière Heure