Alors que l’enquête ne mobilise plus que quatre policiers, le procureur De Valkeneer est catégorique : “Stopper? Certainement pas!”
Selon nos informations, la Cellule d’enquête sur les tueries du Brabant est réduite à un effectif historiquement le plus bas. Depuis le 1er juillet, elle qui disposait encore de neuf enquêteurs en novembre 2015, n’en compte plus que quatre. En outre, la Cellule Brabant ne comporte plus d’enquêteurs néerlandophones – or 17 des 28 victimes des faits dits du Brabant wallon ont en réalité été tuées en région flamande.
En Flandre précisément, des familles des victimes, parlant de non-sens et de gaspillage d’argent, ont déjà demandé, fin d’année passée, que l’enquête s’arrête. “Stopper, c’est certainement non”, déclare à la DH le procureur général Christian De Valkeneer. Joint en Espagne, De Valkeneer concède qu’il “faudra cependant procéder dans les semaines qui viennent à une évaluation” (sur les moyens d’enquête). Et cette évaluation “se fera avec la police fédérale”.
Quel avenir pour l’enquête sur les tueries? Si Christian De Valkeneer dit clairement que la justice ne jette pas l’éponge, parler d’”évaluation” annonce une enquête à effectifs réduits. Depuis le 1er juillet, l’enquête policière n’a plus de chef à proprement parler.
Il est vrai que pour quatre hommes, ce n’est pas indispensable. Le commissaire Gilles Quinet, qui l’avait dirigée depuis 2010, est à la pension. Et son collègue Jean-Luc Monseur qui lui avait succédé début 2016 a rejoint à son tour le 30 juin le clan des retraités.
Deux des quatre restants ont moins de cinq ans d’ancienneté dans le dossier. Et un départ prochain est annoncé. Bref, sauf renforts , l’enquête sur le plus grand mystère criminel belge de l’après-guerre (28 victimes assassinées), ne mobilisera plus que trois enquêteurs.
Ceux-ci ont le soutien des magistrats. Et ils travaillent. Ils ont récemment exécuté une commission rogatoire (avec audition de témoin) en France. En Belgique, un armurier a été perquisitionné. Et selon nos informations toujours, des fouilles à la recherche d’une arme ont été menées dans la Meuse à hauteur de Lustin (Profondeville). Ce devoir d’enquête a dû être interrompu. L’arme recherchée n’a pas été trouvée. D’autres fouilles sont prévues.
Côté piste, c’est volte-face à 180 degrés. Les enquêteurs de 2016 tournent le dos aux théories d’il y a dix ans sur lesquelles travaillait l’ex-chef d’enquête Lionel Ruth (de concert avec la profileuse belge Danièle Zucker) jusqu’à son écartement en 2010.
L’explication actuelle des tueries du Brabant? Les enquêteurs reviennent à concevoir une sorte d’organisation criminelle complexe à plusieurs niveaux imbriqués de rouages de commandement et d’exécutants, chaque rouage n’ayant pas forcément compris le rôle qui lui était attribué. Dans cette explication d’une “hydre criminelle”, des acteurs appartenaient à des services officiels de type police, gendarmerie, etc., et ceux-ci ont à tout moment pipé les dés et englué l’enquête en la manipulant.
Et c’est ce que deux prochains articles vont montrer. Avec des exemples d’interventions choisis à dessein parmi les premiers faits attribués aux tueurs – Armurier Dekaise, à Wavre, en 1982 – et les derniers – tuerie d’Alost, novembre 1985.
Bron La Dernière Heure