Vingt-cinq ans après, le parquet de Charleroi fait recommencer le rapport d’autopsie d’une victime des tueries du Brabant wallon tuée en 1982. Selon nos infos, ce rapport, réalisé sans exhumation, mais sur des données conservées, vient de lui être remis avant Noël, un quart de siècle jour pour jour après l’assassinat en décembre 1982 de M. José Vanden Eynde qui avait 72 ans et était le concierge de l’auberge du château médiéval de Beersel, en Brabant flamand. Ce nouveau rapport d’autopsie a été réalisé par le légiste de Stacy et Nathalie qui avait 16 ans à l’époque des faits, le Dr Philippe Boxho, directeur de l’institut médico-légal et professeur à l’Université de Liège.
Il apporte un éclairage nouveau: lié à d’autres données, il autorise un rapprochement avec un voire deux faits qui, en 25 ans, n’avaient jamais été liés aux tueries du Brabant. Or, pour l’un des faits, il y avait eu un suspect, qui n’avait jamais été inquiété. Cette personne est-elle toujours vivante ? De façon tout aussi étonnante, il fait apparaître que par quatre ou cinq fois – ce qui empêche de parler de hasard – les tueurs sont, en fait, des voleurs d’alcools, de bouteilles de vin et de champagne, et rien d’autre.
On pensait que la victime de l’Auberge du chevalier à Beersel avait été tuée de six projectiles de calibre 22 lr dans la tête. En fait, sept balles dans la tempe gauche: cinq en tir groupé près de l’oreille, deux légèrement plus haut. On pensait qu’il était mort crucifié aux montants de son lit. Il gisait effectivement sur le lit, mais plié en chien de fusil, couché sur le flanc droit, dévêtu, les poignets entravés dans le dos par une écharpe du FC Bruges (Vanden Eynde supportait ce club), le tout relié aux chevilles par du câble de téléphone trouvé à l’auberge.
Alors qu’elle a subodoré pendant des années que le choix de M. Vanden Eynde n’était pas dû au hasard, mais était lié à son passé, l’enquête envisage aujourd’hui une explication différente. L’auberge qui n’avait jamais été cambriolée en 30 ans, l’était pour la troisième fois en l’espace d’un an.
La nuit du 22 au 23 décembre 1982, ils se sont introduits dans l’auberge comme les deux premières fois, en décembre 1981 et en septembre 1982, pour cambrioler ce qu’on trouve dans une auberge, alcools et champagne. La différence, c’est que les deux premières fois, il n’y avait pas de concierge. La troisième, il y avait M. Vanden Eynde, qu’ils ont tué.
Ce sont des cambriolages qui ont lieu en période de Noël et la nuit du mercredi au jeudi, ce qui n’est pas un hasard: le jeudi est le jour de fermeture. Les butins se valent: 40 bouteilles en 1981; du vin, des alcools et du champagne en 1982 – et pas le meilleur ni le plus coûteux (ils oublièrent de fouiller la réserve, red). Il y a 25 ans, lorsqu’ils tuent le concierge en décembre 1982, ils emportent aussi: du pâté maison, 20 à 25 kilos de café et 15 assiettes hollandaises Royal Schwabab.
L’exécution du concierge, à l’étage, ne les empêche pas de se goinfrer dans la cuisine de l’établissement, au rez, et de consommer du gibier, deux alcools et de la tarte aux fraises. Ils vident le portefeuille du concierge et volent encore un bonnet et un manteau Burberry (un Burberry sera retrouvé l’année suivante sur les lieux du meurtre du restaurateur des Trois Canards, M. Van Camp, à Ohain).
À Beersel, les tueurs quittent en oubliant d’éteindre. Le lendemain, le fils du concierge retrouve son père à l’étage. Du vin, du café. Quatre mois plus tôt, les tueurs avaient attaqué une épicerie, en pleine nuit, à Maubeuge, pour y voler du vin.
Bron » La Dernière Heure