Patricia, la fille d’une victime des tueurs du Brabant, réagit aux révélations: “J’ai un nom à mettre sur la mort de mon père”

L’affaire des tueries du Brabant est très longtemps restée un mystère. Une énigme qui hante la Belgique depuis plus de 30 ans. Entre 1982 et 1985, cette bande de meurtriers a fait 28 morts au cours de braquages sanglants.

Aujourd’hui, nous apprenons qu’un homme aurait été identifié comme étant le “Géant” de la bande. Un profil diffusé sous la forme d’un portrait-robot à partir de 1999. Le procureur en charge du dossier a relancé l’enquête dans cette direction. Nos confrères de VTM ont obtenu le témoignage d’un homme affirmant être le frère du Géant. Il explique que celui-ci lui a avoué les faits sur son lit de mort en 2015.

Face à ces rebondissements, notre journaliste Céline Praile a contacté Patricia Finné, dont le père figure parmi les victimes des tueurs du Brabant. Elle dit vouloir croire en ce témoignage, tout en gardant une certaine réserve. Si les propos du frère du Géant devaient se confirmer, elle accepterait de le rencontrer.

Comment vivez-vous ces nouveaux rebondissements?

Pour être franche et honnête, je garde ma réserve. Il y a eu beaucoup de rebondissements dans l’affaire. La dernière fois, je me suis pris un gros râteau dans la figure. Par contre, ici, il semblerait qu’avec la déposition ou le témoignage du frère de ce monsieur, le témoignage de VTM, il semble tout à fait certain qu’il s’agisse de son frère.

Du coup ça relance les espoirs? Vous espérez que cette enquête puisse enfin aboutir?

Quand on croit en quelque chose, ou en quelqu’un, ou dans une affaire, en tout cas moi j’y vais à fond. Malgré les années, j’essaie de me dire de laisser tomber, mais je n’y arrive pas. Donc je pense que ce témoignage, non seulement est plausible, et le frère du Géant est convaincu qu’il s’agit de lui. Donc ça c’est une preuve tangible. Il lui a donné des preuves matérielles, ce qui n’est pas à négliger non plus. Donc j’y crois fortement, mais avec beaucoup de réserve pour me préserver. Si je tiens à me protéger, c’est parce que tant qu’on n’a pas les preuves, on ne peut pas affirmer que c’était lui. Mais je pense que son frère peut les donner.

Ce “Géant” est décédé en 2015, c’est à ce moment-là qu’il aurait fait ses confidences. On est plus de 2 ans plus tard. Vous vous posez des questions sur le moment choisi par son frère pour communiquer?

Il faut savoir une chose: depuis des années, je dis qu’il y a forcément un des auteurs qui va parler sur son lit de mort. C’est le cas de figure. Son frère l’a entendu. Je pense qu’on peut y croire. Si ce monsieur a parlé sur son lit de mort, on va peut-être pouvoir abattre les autres cartes.

Vous pensez que ça peut faire avancer l’enquête?

Bien sûr, c’est ce qu’on attend depuis des années: que quelqu’un parle sur son lit de mort. Bien sûr c’est un scénario de film, mais ça arrive. Donc si on arrive à déterminer quels étaient ses contacts au sein de Diane (ndlr: première brigade spéciale de la gendarmerie) ou autre, on peut peut-être démanteler l’affaire. En tout cas j’y crois.

Cette nouvelle piste vient relancer la théorie du complot, avec l’implication de la brigade Diane et de la Sûreté de l’Etat… les révélations d’aujourd’hui ne vous étonnent pas?

Comme l’a dit le procureur Christian de Valkeneer, effectivement c’est une piste qu’ils suivaient non pas depuis quelques semaines, mais depuis des mois. C’est vrai qu’incriminer la Sûreté de l’Etat dans l’affaire, c’est difficile et très délicat. Mais si c’est le cas, je pense que toute la population belge va nous suivre en disant que c’est inacceptable.

Là maintenant, vous y croyez? Vous avez envie d’y croire?

Oui, j’ai envie d’y croire, bien sûr. Sinon je ne serais pas un humain qui attend la réponse depuis 30 ans. Oui j’ai envie d’y croire. A fortiori, quand le frère de la personne concernée dit ‘Oui, je sais, il me l’a dit, qu’il en a fait partie’. Sachez une chose: c’est qu’au moins j’ai un nom à mettre sur la mort de mon père. Bien sûr que je ne vais pas vous dévoiler le nom. Je le connais. Mais tout ce que je voudrais faire, c’est dire au frère de cette personne ‘Vous n’y êtes pour rien’. Vous étiez son frère, d’accord, mais vous n’y êtes pour rien. Ne démolissez pas votre famille. Et je suis prête à le rencontrer. Je voudrais dire au frère que je compatis. Vraiment. Je ne voudrais pas être à sa place. Et je pense que lui non plus ne voudrait pas être à la mienne.

Bron » RTL