Nous avons appris dimanche soir le décès, à l’âge de 76 ans, de Christian de Vroom, ancien commissaire général et grand patron de la police judiciaire après avoir dirigé la 23 e brigade, la brigade de police judiciaire de Charleroi et la Crime de la PJ de Bruxelles. “Un grand format”, confie Eddy Lebon, du syndicat de police Sypol.
Chez les anciens de la police judiciaire, le décès de Cri Cri évoquait, hier, le souvenir d’une époque bénie, disparue avec la réforme de 2001, cette époque Delon/Belmondo où les médias belges ne connaissaient que deux grands flics: De Vroom comme patron de la Crime (au deuxième étage du 13 rue des Quatre Bras) et Frans Reyniers, avec des flèches comme Marnette et Tilmant, à la tête du Banditisme (au premier étage: chacun régnant sur son plateau).
Des dizaines, des centaines de dossiers d’homicides furent menés à bien par de Vroom, Christian Binz (l’homme à la pipe) et les jeunes qui débutaient (ils arrivaient à vélo…) comme Jean-Michel Le Moine.
Le jour où il quitta la Crime, Christian de Vroom ne cacha pas ses deux échecs: l’affaire de la Champignonnière à Bruxelles (en 1984, l’assassinat de Christine Van Hees, jamais élucidé) et, à La Louvière, l’affaire Stéphane Steinier (notre confrère dont le corps n’a pas été retrouvé, en marge du dossier des négriers).
Christian De Vroom fut une grande figure de l’affaire des Tueries du Brabant. C’est lui qui alla interroger Bultot au Paraguay. De Vroom est aussi à l’origine de la théorie selon laquelle les tueries ont été commises par trois équipes distinctes ayant reçu une instruction militaire.
Le commissaire était persuadé que la première des trois équipes était en réalité connue et avait été démantelée. Il s’agissait de la Bande boraine (avec Cocu, Vittorio, entre-temps tous morts). Selon lui, c’était certain: les Borains avaient donné des détails que seuls des participants pouvaient donner, sans parler de leurs aveux répétés maintes fois. Le policier dénoncera aussi les fortes tensions au sein de l’enquête entre membres de la police judiciaire et membres de la gendarmerie.
Un grand monsieur, un grand flic doublé d’un gentleman: de Vroom vivait pour la PJ.
Et c’est bien ce qui le fera souffrir, le 3 janvier 1999, quand il en sera écarté du jour au lendemain, après une campagne infâme et féroce de dénigrement, d’une totale injustice.
Bron » La Dernière Heure |Gilbert Dupont