Les funérailles, célébrées lundi à Ciney, d’André Moyen, décédé mardi dernier à l’âge de 93 ans, ont permis à l’assistance de se souvenir d’une figure de proue de la résistance belge et du renseignement militaire.
Né en Resteigne en 1914, il s’engage très tôt dans la Résistance, pour compte de laquelle il mène, au sein du groupe Athos, de périlleuses missions d’infiltration. Sous les noms de guerre de “capitaine Freddy”, “Le Crocodile”, “Cincinnatus” ou “André de Saint-Michel”, il réussit notamment l’attaque d’un centre de télécommunications allemand à Menuchenet. Avec Fernand Canoot, il créa une fausse force de police, la “speziale polizei” qui mena, au nez et à la barbe des occupants, plusieurs opérations de renseignements ou dirigées contre des collaborateurs.
À l’issue de la guerre, Moyen intègre le contre-espionnage belge, dont il devient le numéro deux. Il effectue des missions au Congo, au Maroc, en Egypte, à Taïwan, à Saigon et en Corée. Il fut impliqué dans la création, en Belgique, des réseaux Gladio, ces cellules dormantes d’agents secrets. L’anticommunisme était l’un des chevaux de bataille de Moyen, réputé être proche des milieux conservateurs et royalistes. Il fut accusé, sans preuve, d’avoir été l’instigateur du meurtre de Julien Lahaut, le député communiste qui cria “vive la république” lors de l’intronisation du roi Baudouin.
André Moyen créa en 1962 la branche belge de Group 4 Securitas. Sur le tard de sa vie, il se lança à nouveau dans le renseignement, multipliant les sorties matamoresques dans de nombreux dossiers judiciaires, dont les tueries du Brabant. Il voyait des communistes partout. Et il n’hésitait pas à faire mener des enquêtes sur des gendarmes, à accuser des journalistes d’être payés par la Sûreté.
Il était proche du baron de Bonvoisin, dont le procès pour les “faux KGB”, auxquels Moyen participa, a – ironie des dates – débuté le jour même de ses funérailles.
Bron » Le Soir