Tueurs du Brabant: l’enquête sur “l’homme à la Golf” va reprendre

La juge d’instruction Martine Michel prend au sérieux les déclarations du témoin X, qui a dit reconnaître le conducteur d’une Golf noire potentiellement impliquée dans les Tueries du Brabant. Pour rappel, La Libre a retrouvé cet informateur ayant recueilli des confidences et accusant d’anciennes connaissances (lire notre édition du week-end): l’homme cite les noms de suspects figurant au dossier, mais qui n’auraient pas été interrogés de manière suffisante ni confrontés, en 2002.

“Nous voulons en avoir le cœur net. Nous voulons aller au fond des choses”, ont clamé en chœur les procureurs généraux de Mons et de Liège, Ignacio de la Serna et Christian De Valkeneer, chargés de la coordination de cette enquête menacée par la prescription (ce sera le cas dans très exactement 500 jours, sauf allongement probable).

Les magistrats rencontraient, hier, les familles des victimes. Ils ont fait le point sur l’enquête au long cours “qui n’avait jamais connu autant de mouvement”. Ces 20 ou 25 dernières années, en tout cas. Martine Michel et son équipe d’enquêteurs, renforcée dès juillet et passant de 12 à 15 unités, vont réécouter attentivement les déclarations de l’informateur dont l’identité reste secrète pour des raisons de sécurité.

Cet informateur affirme qu’il aurait été prié de “tout oublier” par un gendarme venu à son domicile il y a un peu plus de dix ans. Libéré de la peur, il avance de nouveaux détails troublants sur les connections entre les passagers de la fameuse Golf et ceux qui pourraient leur avoir donné une “mission”. De quoi donner du corps à l’une des rares hypothèses évoquées en conférence de presse par les magistrats en charge de ce calvaire pour les familles des 28 victimes recensées: une déstabilisation de l’Etat, via le recours à de simples exécutants.

Car pour l’essentiel, l’enquête se détourne des hypothèses pour se concentrer sur des éléments concrets, relatifs aux trois pistes principales:

  1. Jean-Marie Tinck s’est plutôt bien tiré du test du polygraphe. Le détecteur de mensonge n’a rien décelé de particulier quand le suspect n°1 s’est ravisé en affirmant qu’il n’avait rien à voir avec les Tueurs. Il y aurait toutefois d’autres éléments à charge, méritant d’être analysés. Il est vraisemblable que le ministère public requerra son maintien en détention, lundi prochain.
  2. On saura formellement en août si l’enquête a été manipulée dès ses prémices, en 1986. A 100%, il devrait alors être établi que les sacs bourrés de pièces à conviction et repêchés à Ronquières ont séjourné quelques semaines à peine dans l’eau. Resterait alors à vérifier s’ils ont été balancés sur les indications d’un informateur secret. Et/ou s’il s’agissait d’embrouiller les pistes.
  3. L’enquête sur la Golf noire vue à Landelies, en 1983, redémarrera “dans les prochains mois”. Avec une question sensible, ici aussi: pourquoi cette enquête-là n’a-t-elle été menée qu’à 60 % ?

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