Près de 30 ans après le début des tueries, le travail d’une profileuse esquisse de nouvelles pistes désignant des suspects identifiés comme des malfrats psychopathes. Du côté des enquêteurs, on explique qu’à près de trois ans de la prescription, il faut prioriser les pistes à suivre. C’est Paris Match qui le révèle: le rapport d’une “profileuse” prendrait la poussière sur les étagères de la Cellule d’enquête Brabant wallon.
Il est signé Danièle Zucker, une psychothérapeute belge qui a suivi une formation d’analyste comportemantale (ou profiler en anglais) aux Etats-Unis auprès du pape de la discipline Roy Hazelwood du FBI. Pendant deux ans et demi, elle a rédigé 70 pages de conclusion sur la première vague de tueries en 1982-1983. Pour rappel, entre 1982 et 1985, une série de tueries sanglantes a fait pas moins de 28 victimes.
Mais, selon le journaliste Frédéric Loore de Paris Match, le rapport Zucker ne semble pas soulever l’enthousiasme au sein de la Cellule qui n’a guère investigué les pistes esquissées par ses conclusions. On juge le travail utile, mais la méthode “abstraite” et un peu “faible” du point de vue personnalités des auteurs.
Du côté de l’enquête, on rejette ces critiques. Les pistes les plus intéressantes ont été creusées, étudiées, les devoirs d’enquêtes menés, nous dit-on. Le rapport Zucker, loin d’être enterré, serait sur les bureaux des enquêteurs. Et s’il a fallu faire un choix quant à certaines pistes, c’est parce que l’on est à 2 ans et 9 mois de la prescription et que seules les indices les plus intéressants peuvent désormais être étudiés. Frédéric Loore note que c’est la piste du terrorisme d’extrême droite qui mobilise l’essentiel de l’énergie des 8 enquêteurs de la cellule.
Après une série de perquisitions dans les milieux de l’extrême droite, les autorités judiciaires informeront les proches des victimes de l’état d’avancement de l’enquête ce lundi 5 mars. Le rapport de la profileuse que notre collègue Frédéric Loore a pu consulter pointe dans une autre direction. Se basant sur les “zones de confort” des auteurs présumés (leur biotope géographique où on retrouve leurs armes et leurs véhicules, mais aussi les lieux qu’ils fréquentent…), Danièle Zucker définit des profils de suspects. Et elle les localise.
Paris Match nous livre ces profils mais assortis de pseudonymes. Ce sont des malfrats psychopathes qui n’hésitent pas à tuer. Ils aiment l’argent facile et ont une tendance toxicomane mais pas de motivation politique. Ils ont entre 18 et 45 ans et sont mécaniciens, employés de garage, soudeurs, ferrailleurs ou … cuisiniers. Un des tueurs serait “un maniaque de la gachette”: la quarantaine, trapu, basé à Ixelles, moyennement intelligent et au mode de vie hédoniste, violent et au profil de psychopathe. C’est lui le chef.
Vu les cibles et le milieu de suspects, des garages automobiles et des restaurants, la profileuse identifie deux comparses: un certain “Eddy” (nom d’emprunt), 18 ans à l’époque et cuisinier et puis un “Alfonso” (idem), espagnol, soudeur. Pourquoi un cuisinier? Parce que le meurtre d’un restaurateur à Beersel est accompagné du vol de deux chinois, des ustensiles professionnels de cuisine… Après ce meurtre, le suspect “Eddy” disparaît. Mais il est réapparu… en Suisse, où Danièle Zucker a pu l’interroger dans le cadre d’une commission rogatoire. Voilà une piste. Recommandée par la profileuse Danièle Zucker, mais pas suivie. Et il y a d’autres recommandations dans son rapport.
Bron » RTBF