Les Tueurs du Brabant avaient tué 28 personnes lors d’attaques à main armée commises notamment dans des Delhaize entre les années 1982 et 1985. Ils n’ont jamais pu être identifiés et dans un an et demi, ils ne risqueront plus rien. En effet, l’affaire sera prescrite. Trente ans après la dernière attaque. Du coup, les familles de victimes souhaitent du temps, plus de temps. Elles demandent aux députés de voter, en urgence, une prolongation du délai de prescription avant que l’affaire soit prescrite.
Patricia Finné, dont le père a été abattu lors du braquage d’Overijse en 1985, lance un appel: “Cela fait 29 ans que j’essaie d’aboutir à la vérité, de faire un maximum pour que l’enquête puisse aboutir. Il nous reste 20 mois. En sachant que c’est une affaire criminelle. Et en supposant qu’on puisse arrêter les auteurs dans 2 heures, il faudrait le temps de l’instruction, le temps du procès … on va droit dans le mur. On va dépasser largement le 9 novembre 2015.”
Dans le monde judiciaire, Cédric Druart, avocat pénaliste, n’est pas favorable à une remise en cause du principe de prescription. À moins que la loi établisse en même temps des conditions très strictes: “Je ne dirai pas que c’est souhaitable dans la mesure où le délai de prescription est là pour apporter, à un moment-donné, un apaisement pour tous. C’est vrai que je peux comprendre que les victimes aient envie de poursuites. Il faut peut-être que la législation s’adapte et qu’on se dise qu’il n’y aura pas de prescription, qu’on pourra juger ces personnes, mais on devra tenir d’autant plus compte de la manière dont ils se sont réinsérés ou pas depuis les faits.”
“Pour éviter que 30, 40 ou 50 ans après les faits, on aille placer des gens en détention alors que ça n’aurait plus aucun sens. Cela aurait du sens du côté des victimes d’avoir finalement un auteur qui serait identifié, condamné et déclaré coupable. Mais d’un autre côté, c’est briser aussi des vies qui ont été reconstruites pour des faits qui ont été commis il y a très longtemps. Avec des personnes, qui ont pu à un moment donné de leur vie, commettre des infractions et puis reprendre une vie tout à fait normale.”
Il faut tout de même savoir que de manière pratique, il y a très peu de chance que le Parlement puisse se saisir de la question et rendre une décision avant les prochaines élections programmées dans deux mois et demi.
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