Eddy Vos ne croit pas non plus à la théorie des grands complots.
Il vient, lui, d’avoir 70 ans. Il tenait à l’affirmer, lui qui a codirigé l’enquête entre 1995 et 2010. “Nous rêvions de les arrêter. Nous avons cru dans ce que nous faisions. Des pressions, je ne peux pas dire qu’il y en ait eu quand je travaillais. Je ne crois pas non plus dans les grands complots, mais je n’exclus pas que parmi les auteurs circulait quelqu’un qui avait une connaissance approfondie du système judiciaire, policier ou du renseignement. À ma connaissance, il n’y a pas de preuves pour affirmer qu’un quelconque service officiel pourrait être impliqué dans les tueries. Mais sur certains individus proches de ces milieux, il y a quand même un doute légitime.”
Tout simplement pour Eddy Vos, “on s’est fait avoir par la stratégie des auteurs. Il y a eu des dizaines voire centaines d’enquêteurs, chacun arrivant avec ses propres idées mais souvent sans aucune connaissance du passé. S’ajoute que certaines hypothèses suivies, qui allaient dans le sens que des enquêteurs pouvaient être impliqués dans les faits, ont créé un climat de méfiance voire de suspicion.”
“A ma connaissance, ces hypothèses sont restées sans résultat mais en attendant, les auteurs, eux, ont gagné. Quand j’entends dire aujourd’hui qu’un avocat français veut révoquer la juge Michel à la direction d’enquête depuis plus de 15 ans, est-ce à dire qu’un nouveau juge devrait relire et étudier ce dossier gigantesque ? Le dossier est scanné, soit. Mais sans mémoire vivante ni avoir connu l’époque à laquelle les faits avaient lieu, on a, selon moi, peu de chance d’aboutir.”
Pour Eddy Vos persuadé que les auteurs ont joué avec eux un jeu très complexe, “mettre les enquêteurs ensemble autour de la table ne permettrait probablement pas de donner les noms des auteurs qui se trouvaient sur les lieux, mais peut-être de dégager une explication plausible d’ensemble. Ce serait un résultat.”
Pour celui qui lance l’idée d’une task force de la dernière chance, il n’est pas trop tard. “Et pourquoi ne pas rendre plus tard ses conclusions publiques ?”
Une alternative serait la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire, – ce serait la troisième. “Tant que l’on parle des tueries, il y a de l’espoir. Stocker ces centaines de cartons dans une cave d’un palais de justice signifierait l’enterrer à tout jamais ! Ça ne peut pas se terminer comme ça”.
Quarante ans jour pour jour après les massacres aux Delhaize à Overijse et Braine-l’Alleud, Eddy Vos exprime qu’il existe quelque part une connexion importante qu’ils n’ont pas pu voir. Il dit pourquoi et montre le chemin, à la condition d’avoir la volonté. Puisqu’aujourd’hui, les tueries du Brabant n’ont pas de coupables.
Bron » La Dernière Heure | Gilbert Dupont