Tueries du Brabant: encore du rififi

Les tueurs du Brabant ont-ils ou n’ont-il pas jeté leurs armes et une partie de leur butin dans le canal, à Ronquières, la nuit du 10 au 11 novembre 1985, le lendemain de l’attaque du Delhaize d’Alost, la plus sanglante de toutes avec huit morts?

Cette question est le point de départ de l’enquête publiée dans la dernière édition de Paris Match. L’hebdomadaire est parti des récentes déclarations des procureurs généraux qui chapeautent les investigations judiciaires sur les tueries, Christian De Valkeneer (Liège) et Ignacio de la Serna (Mons), selon lesquels les pièces à conviction retrouvées à Ronquières en novembre 1986, au lieu dit “Large de Fauquez”, n’ont pas été jetées dans les eaux du canal Bruxelles-Charleroi un an plus tôt comme on l’a toujours pensé.

Les hauts magistrats parlent d’une manipulation autour de la découverte de 1986, à laquelle auraient pris part les enquêteurs de l’ex-cellule Delta de Termonde, ceux-là même qui sont à l’origine de cette découverte. D’après les deux procureurs qui se sont exprimés à ce sujet il y a peu, soit ces policiers (en charge à l’époque du braquage du Delhaize d’Alost) ont pris une part active à la manipulation, soit ils ont été eux-mêmes manipulés. Une manipulation visant à établir artificiellement le lien entre les deux vagues de tueries (1982-1983 et 1985), affirment les magistrats.

Ces derniers disent s’appuyer sur un rapport scientifique de l’INCC (Institut National de Criminalistique et de Criminologie) qui apporterait la preuve que les pièces à conviction immergées à Ronquières ne l’ont pas été plus d’un mois avant leur mise au jour en 1986. Ce qui, de surcroît, rendrait suspecte à leurs yeux la “pêche miraculeuse” réussie par Termonde à l’endroit où, un an plus tôt, leurs collègues de Nivelles n’avaient rien trouvé.

Cette “certitude scientifique”, l’enquête de Paris Match tend à la nuancer fortement. Pour le magazine, les procureurs généraux feraient dire aux conclusions de l’INCC ce qu’elles ne disent pas exactement. D’autre part, Paris Match souligne l’incompatibilité entre l’éventualité d’une immersion des pièces en 1986 et les témoignages circonstanciés de deux riverains qui rapportent ces mêmes faits un an auparavant.

L’hebdo détaille ces témoignages et produit un procès-verbal du 12 novembre 1985, rédigé par la gendarmerie de Soignies, au travers duquel il apparaît que les recherches entreprises alors pour retrouver armes et butin au fond du canal, ont été très sommaires. Ce qui expliquerait pourquoi rien n’a été trouvé à l’hiver 85. Enfin, Match croit savoir que les anciens enquêteurs de la cellule Delta sont actuellement interrogés sur ces faits par le Comité P, à la demande du Procureur du Roi de Chaleroi, Pierre Magnien.

Bron » La Libre