30 après, on ne sait toujours pas qui étaient les tueurs du Brabant: des prédateurs, des activistes ou des tueurs à gages?

Trente ans après, l’affaire des tueurs du Brabant n’est toujours pas résolue. Patricia Finné, la fille de l’une des victimes, espère toujours que des témoins se manifestent et parlent.

Les parties civiles de l’affaire des tueurs du Brabant sont convoquées ce mardi après-midi par la justice. Certains craignent qu’on leur signifie l’arrêt, définitif, des investigations. On risque donc de ne jamais connaître la vérité sur ces tueurs qui ont semé la panique, en Belgique, dans les années 80.

La première victime, un policier, le 30 septembre 1982

C’est à Wavre que les tueurs du Brabant ont fait leur première victime le 30 septembre 1982. Alors qu’ils braquaient cette armurerie, un policier communal, Claude Haulotte a essayé d’intervenir et ils l’ont abattu froidement. La différence de puissance de feu et de matériel entre police et truands est le point clé de cette saga sanglante. D’un côté des policiers en camionnette, de l’autre, des commandos en Golf GTI.

Deux vagues

Les malfrats vont semer la mort en deux vagues. De septembre 1982 à décembre 1983, ils attaquent six supermarchés et d’autres commerces pour un bilan de 12 morts. Puis, en 1985, entre le 27 septembre et le 9 novembre, trois attaques d’une violence incroyable font 16 morts. Puis, ils disparaissent.

“Aujourd’hui il y a encore des pistes très sérieuses sur lesquelles nous travaillons”

Au total, ils ont fait 28 morts et 22 blessés en 17 attaques pour un butin de moins de 200.000 euros. Un butin dérisoire en regard du massacre. Pourquoi ces morts ? Plusieurs hypothèses ont été avancées. De simples prédateurs attirés par l’argent, des activistes d’extrême droite agissant pour transformer la Belgique en état policier ou encore des tueurs à gages transformant leurs contrats en hold-up. Mais aucune piste n’a encore abouti et plus de 30 ans plus tard, la cellule d’enquête est toujours en fonction et le magistrat n’a pas perdu espoir.

“Aujourd’hui il y a encore des pistes très sérieuses sur lesquelles nous travaillons et c’est clair qu’évidemment l’espoir, ce sont des informations, ce sont des gens qui vont parler parce qu’effectivement, tous les éléments matériels qui ont pu être rassemblés jusqu’à présent dans ce dossier, on les a analysés et réanalysés”, expliquait Christian de Valkeneer, procureur général en charge du dossier des tueurs du Brabant, en mai 2015.

“Après 30 ans sans résultats, c’est franchement lamentable”

Certaines familles des victimes continuent à penser que même si les auteurs ont disparu, des témoins sont toujours là. C’est notamment le cas de Patricia Finné, la fille de l’une des victimes.

“Je me suis battue pour la prolongation de la prescription et je me dis qu’on a encore 9 ans devant nous, donc ce n’est pas le moment de baisser les bras, mais de continuer et de persévérer. Après 30 ans sans résultats, c’est franchement lamentable, je me dis que la justice doit faire son boulot jusqu’au bout et je suis convaincue qu’il y a moyen de trouver”, a-t-elle expliqué à Luc Gilson en direct dans le RTLinfo13H.

Bron » RTL Info

Tueurs du Brabant: faut-il protéger les repentis pour faire avancer l’enquête?

La cellule d’enquête du Brabant wallon a rencontré les familles des victimes, ce mardi, à Charleroi. Les investigations n’ont pas connu d’avancées significatives. Une enquête parallèle pour des faux procès-verbaux policiers a été menée par le Comité P mais a mené à une impasse. Les magistrats espèrent à présent une loi sur les repentis.

Le procureur général de Liège Christian De Valkeneer, le procureur du Roi du Hainaut (division Charleroi) Pierre Magnien et le procureur général de Mons Ignacio de la Serna, qui chapeautent la cellule d’enquête sur les Tueries du Brabant wallon, ont exposé aux familles des victimes les pistes suivies ces deux dernières années.

Le sac de Ronquières

Selon eux, le noeud du dossier reste ce sac jeté dans le canal Charleroi-Bruxelles à Ronquières. En novembre 1985, un témoin avait signalé des agissements suspects, ce qui avait mené à des fouilles (vaines) dans le cours d’eau. L’année suivante, les enquêteurs de la Cellule Delta avaient ordonné aux plongeurs de sonder à nouveau les lieux, ce qui avait permis de repêcher un sac contenant des objets liés aux Tueurs du Brabant.

ADN peu fiable

Parmi ces pièces figurait un morceau de gilet pare-balles présentant du sang au niveau du col. Un profil ADN a pu en être extrait mais, selon les scientifiques, ce type de trace aurait dû disparaître après quelques jours d’immersion, ce qui laisse penser que le sac a été jeté juste avant sa découverte.

Trois pistes à l’étude

“Nous étudions trois pistes: soit la couverture d’un indicateur qui s’est débarrassé de ces objets, soit une fausse piste pour abuser les enquêteurs, soit une manipulation de la part de ces derniers”, a expliqué Christian De Valkeneer en déplorant le mutisme des policiers de l’époque, réinterrogés par la juge d’instruction Martine Michel.

Faux procès-verbaux

La nouvelle cellule Brabant wallon a également constaté des divergences dans les raisons invoquées pour cette deuxième plongée dans le canal, ce qui laisse penser que des faux procès-verbaux ont été rédigés. “Un dossier parallèle a été mis à l’information et l’enquête a été confiée au Comité P”, explique Pierre Magnien. “A ce stade, les enquêteurs n’ont pas pu mettre en évidence des faux, ni des personnes susceptibles de les avoir établis”.

La piste Jean-Marie Tinck

La piste de Jean-Marie Tinck, inculpé en 2014, n’a pour l’instant plus donné de suite. On ignore s’il s’agit d’un affabulateur puisque bon nombre de ses déclarations sont aujourd’hui invérifiables.

Dernier espoir

Devant les familles des victimes, Christian De Valkeneer a reconnu que l’un des derniers espoirs restait l’élaboration d’une loi sur les repentis qui permettrait à des personnes de “seconde ligne” d’apporter des éléments en bénéficiant d’une immunité judiciaire. La plupart des proches des victimes ont quitté les lieux déçus par la faiblesse des avancées de ces deux dernières années.

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