Qui étaient “Jean” et “Roger” qui ont proposé un marché à l’ex-adjudant de la cellule Delta : la justice refuse d’enquêter.
Dans un axe de l’enquête actuelle sur les tueries du Brabant (28 personnes tuées entre 1982 et 1985), deux anciens gendarmes suspectés d’avoir manipulé le dossier, ce qu’ils réfutent, ont été inculpés et détenus en janvier et février 2019.
Pendant sa détention, l’ex-adjudant Achten, qui bossait à la cellule Delta, affirme avoir reçu la visite d’enquêteurs qui l’ont extrait de cellule et emmené à l’hôtel où une salle avait été réservée. Les enquêteurs lui auraient fait miroiter divers avantages s’il acceptait de prendre le statut de témoin protégé et faire les révélations espérées dans le sens de la manipulation. François Achten n’a pas marché.
Libéré le 15 février, François Achten s’est étonné de cette pratique assez particulière pour qui lit et relit le code d’instruction criminelle. L’initiative provenait-elle de la juge d’instruction? Celle-ci en était-elle informée? Les avocats Pierre Chomé et Samuel Rosenblatt ont introduit une demande de devoirs complémentaires. La justice allait-elle les leur accorder?
La demande visait à identifier les deux personnes ayant extrait François Achten de prison et qui se sont présentées à lui comme se prénommant “Jean” et “Roger” et à leur demander de qui émanaient les instructions et de produire le compte rendu de ce qui a été dit à l’hôtel. Enfin, de faire confirmer par l’hôtel, M. Achten ayant constaté que “Jean” et “Roger” ont payé la salle 123 euros.
Selon nos informations, la chambre des mises en accusation de Mons a refusé lundi d’autoriser ces recherches. Pour elle, ces devoirs “ne sont pas nécessaires à la manifestation de la vérité concernant les faits dont le juge d’instruction a été valablement saisi”. Le refus tient en trois lignes, sans même un semblant de motivation.
Bron » La Dernière Heure | Gilbert Dupont