Novembre 1986, au lieu-dit “Le Large de Fauquez” à Ronquières. Le long du canal de Charleroi-Bruxelles, la cellule d’enquête flamande Delta mandate une dizaine de plongeurs. Un procès-verbal (le PV 2420 du dossier d’instruction relatif à la filière boraine) avait déjà mené les policiers sur les berges du canal, un an plus tôt. Sans résultat.
Toutefois, les témoins persistent : ils ont vu des hommes jeter “quelque chose” dans l’eau, dans la nuit du 10 au 11 novembre 1985. Soit un jour après le dernier carnage commis par les tueurs fous, à Alost.
Les plongeurs remontent finalement de nouvelles preuves. Des armes ayant servi en 1982-1983 comme en 1985, une veste pare-balles volée à Tamise en 1983, un mini-coffre volé à Alost en 1985, un pistolet arraché à des policiers lors de la première vague de tueries et, enfin, des cartouches de Riot Gun n’ayant servi qu’en 1985. Malheureusement, indique le magazine d’investigation judiciaire “Devoir d’enquête”, ces indices ne permettront pas d’identifier les auteurs.
Vingt-cinq ans plus tard, coup de théâtre : la (sixième) juge d’instruction Martine Michel soupçonne ses collègues flamands de “manipulations”. A un an de la prescription, et pour la première fois, Lionel Ruth (l’ancien chef d’enquête de la cellule des tueries) s’exprime et donne son avis sur le dossier. “En toute liberté de parole”, indique la RTBF.
Au cours de cette soirée spéciale, la journaliste Malika Attar revient sur le mystérieux informateur de la cellule Delta. L’équipe s’interroge notamment sur l’expertise réalisée par l’Institut national de Criminalistique et de Criminologie (INCC) concernant les preuves retrouvées à Ronquières et évoque le cas surmédiatisé de Jean-Marie Tinck, l’unique personne inculpée.
La filière d’extrême droite, privilégiée par la juge d’instruction Martine Michel, est également abordée. Au cœur de ce scénario : Eric Lammers, membre de l’organisation néonazie WNP, alors dirigée par Paul Latinus et l’ancien SS flamand Karl De Lombaerde. Eric Lammers s’exprime également, pour la première fois.
Autre découverte intéressante (quoique déjà révélée par le journaliste Frédéric Loore), le rapport Danièle Zucker, du nom de cette experte en profiling chargée d’ouvrir de nouvelles pistes, en 2006. Dans son étude, elle avait identifié plusieurs suspects mais ses conclusions ont été jetées aux oubliettes.
Sur le plateau de “Devoir d’Enquête”, Malika Attar recevra le procureur général Christian De Valkeneer en charge, au parquet, des tueries du Brabant. Il réagira aux reportages concoctés par le magazine. Une enquête sur l’enquête qui, à défaut d’apporter des éléments nouveaux, livre un récit prenant sur l’affaire la plus controversée de notre histoire judiciaire.
Bron » La Libre Belgique